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Il semblerait qu’on attende aujourd’hui de la part des chanteurs et chanteuses (de qualité) moins de bonnes chansons que de bons spectacles. Les chansons semblent devenir un simple prétexte à Costume de scène« faire » de la scène. J’ai entendu l’autre jour un monsieur (pianiste de son état) raconter à toute une tablée le concert de François Morel auquel il avait assisté. Il était extrêmement enthousiaste et n’avait pas de mots assez grands pour dire la qualité de ce spectacle. Ce qui est bien sûr légitime, mais j’ai été frappé par le fait qu’à aucun moment de son « speech » admiratif il n’a parlé des chansons et de ce qu’elles racontaient, non plus de leur style musical. L’essence même du spectacle se trouvait pour lui uniquement dans les jeux et trucs divers animant les rapports entre le chanteur et le pianiste. La mise en scène et la comédie l’emportaient sur les chansons, du moins semblaient-elles plus importantes à ses yeux.
De la même manière, les comptes-rendus d’amateurs de chanson « de parole » font de plus en plus la part belle à ce qui est vu sur scène et de moins en moins à ce qui est entendu. L’absence de vocabulaire (musical) pour décrire ce qu’on entend y est pour beaucoup, mais c’est peut-être dû aussi aux caractéristiques de bien des artistes chansons « émergents » d’aujourd’hui. Les voix sont généralement si peu remarquables qu’il n’y a rien à en dire, les mélodies des chansons sont peu travaillées, les harmonies sont banales, quant aux paroles, leur artisanat (versification, prosodie) est réduit à presque rien du tout tant elles semblent n’être souvent, malgré leur intention louable de « dire quelque chose », qu’un prétexte hâtif à chanter et s’exprimer sur scène. Il convient donc dans ces conditions de soigner la mise en scène et le costume, de dessiner un personnage identifiable. Après tout, pourquoi pas ? A chaque génération son truc. Un chanteur poète, d’une autre génération, n’hésite pas a chanter assis sur une chaise pour ne pas gêner l’écoute du texte, dit-il… Question « spectacle », on repassera.
Entre ces deux manières de faire, esbroufe et cabotinage d’une part, degré zéro du spectacle et du divertissement d’autre part, n’existerait-il donc pas un moyen terme pour se faire remarquer et faire son chemin ? Peut-être qu’écrire et composer de bonnes chansons susceptibles de marquer les esprits serait un bon début. On aura toujours le temps voir ensuite si on porte la casquette ou le petit chapeau, si on joue du ukulélé ou du piano jouet, et quels gags on met au point pour le jeu avec le public ou les musiciens, si on en a.

Pierre Delorme

7 commentaires »

  1. Norbert Gabriel dit :

    Salut, c’est pas faux tout ça (!) mais si c’est pour écouter 15 chansons par quelqu’un qui est assis sans décor, sans lumière, dans une succession plus ou moins aléatoire, c’est aussi bien dans un fauteuil chez moi avec une bonne chaine Hi-Fi… Voire même mieux… Je vois bien que je suis un vieux schnock un peu blasé, mais j’attends qu’on me raconte des histoires avec de belles musiques, et si c’est dans une salle, avec de la vie et du spectacle, vivant…

    • administrateur dit :

      C’est pour cette raison que je termine en écrivant qu’entre l’absence complète de spectacle et un « show » à l’esbroufe, il y a peut-être un moyen terme à trouver, avec de bonnes chansons. Cela dit, même si un auteur de chansons de grande qualité ne fait pas grand-chose sur scène, il peut avoir une présence suffisante pour qu’on ne s’ennuie pas (Cf. Brassens), mais la présence, ça ne s’apprend pas et ça ne se calcule pas. Et toutes le singeries et autres artifices démago pour se mettre le public dans la poche ne peuvent en tenir lieu.

      • Camerlynck dit :

        D’accord pour l’essentiel. Mais on peut faire les deux, avoir de grandes et belles chansons et réaliser une mise en espace, une mise en scène pour favoriser un éclairage un peu différent du texte. L’ordre d’un tour de chant c’est aussi une forme d’écriture. Et je crois bien au contraire que la présence cela se travaille aussi.

  2. Chris Land dit :

    Entre singeries et démago… raccourci réducteur un max, non ?
    Pour trouver un « moyen terme », il suffit juste d’ouvrir un peu les écoutilles pour prendre quelques embruns venus de la marée montante.
    Des Jérémie Bossone, des Lili Lucas, entre beaucoup d’autres, peuvent réconcilier (peut-être) les grincheux du temps présent !

    • Floréal Melgar dit :

      Tu n’as toujours pas changé de lunettes afin de pouvoir mieux lire ? L’article de Pierre ne parle pas de « singeries », mais de « jeux et trucs divers » relevant du visuel, qui viennent parfois compenser l’insignifiance ou la faiblesse des textes. Dans la chanson, c’est effectivement un phénomène qui a pris de l’ampleur. Tu devrais sortir un peu… avec tes lunettes neuves !

    • administrateur dit :

      Nous les connaissons, bien sûr, pas de petit chapeau, casquette ou autre ukulele, c’est vrai, mais pour nos « écoutilles » de grincheux ça ne suffit pas encore forcément, les crapauds et les rossignols sont exigeants! Cela dit, nous « suivons » le travail de la demoiselle que vous citez depuis assez longtemps, bien avant que vous en ayez entendu parler d’ailleurs, ses chansons sont originales et nous espérons que les petits cochons ne lui mangeront pas les pieds en route. Bien à vous.

  3. Un partageux dit :

    J’ai vu Yannick Jaulin contant. C’était sa période avec bande son chiadée, plan lumière à faire sauter le transfo du canton, un semi-remorque de matériel et cinq ou sept techniciens son, lumière, trucages et déplacements. Bon, ce n’était pas nul parce que c’est quand même Jaulin mais bah, j’ai préféré ses débuts où il n’avait qu’un méchant micro. Pas de nostalgie : il fait encore des spectacles tout seul avec juste le micro de la salle des fêtes. Il n’y a que la qualité du micro qui a changé…

    Et puis j’ai vu Henri Gougaud contant un ou deux jours après le supershow de Jaulin. Gougaud qui n’a pas décollé le cul de son tabouret de piano de toute la soirée. Ne bougeaient que les mains et le visage. Quinze ans après je me souviens bien mieux de cette soirée Gougaud que de cette soirée Jaulin.

    Ti ti ti mon conte est fini ! (Les amateurs de Jaulin canal historique se souviendront.)

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