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Sans titreAu début, nous nous étions demandé, à la suite de Bob Dylan, si le monde avait encore besoin de chansons. Il nous semblait que oui et que des chansons il y en aurait toujours (même si nous nous méfions des jamais et des toujours). Cependant, aujourd’hui, au regard de l’état du monde, ici ou ailleurs, la question serait plutôt de savoir s’il n’est pas dérisoire de continuer à parler de chanson au fil d’un blog. Se demander si la « bonne » chanson reviendra un jour en grâce, ou si les oubliés du succès d’aujourd’hui seront les idoles de demain, a-t-il une quelconque importance ?
Nous avons vu, de nos yeux vu, le monde changer. C’était à la fin des années cinquante et pendant les années soixante, une époque où la chanson de « qualité » connaissait son heure de gloire. Le « progrès » emportait tout sur son passage, y compris les vieilles valeurs de nos pères, valeurs qui avaient été aussi celle de leurs pères. Nous autres du baby-boom devînmes différents, nous eûmes d’autres points de repère. Nous avons pu ensuite passer une bonne partie de notre vie à nous féliciter de la chance que nous avions eue de voir et de vivre « en direct » les changements souvent positifs de ces années-là. La chance de nous être instruits, et parfois même grâce aux chansons. De cette « formation », en grande partie involontaire, nous avons gardé l’idée que rien n’est définitif au plan des idées, ou de la morale. Nous lui devons une forme de souplesse dans notre vision des valeurs, à la différence des générations qui nous précédèrent et pour lesquelles les notions de « sacré » et de « certitudes intangibles » jouaient un rôle primordial.
Nous avons l’impression aujourd’hui d’avoir une nouvelle fois le « privilège » de voir le monde changer, mais cette fois peut-être pour le « pire ». Nous sommes en train de le voir basculer progressivement dans ce qu’on pourrait bien considérer (si l’on est d’humeur pessimiste) comme une période « d’avant-guerre ». Les équilibres géopolitiques sont de plus en plus instables. Certains dirigeants semblent aussi imprévisibles que d’autres paraissent inopérants et faibles. L’obscurantisme gagne tous les jours du terrain. Les inégalités s’accroissent, s’accroissent… Ne parlons pas du chômage de masse et de l’aveuglement de ceux qui s’enrichissent, s’enrichissent… toujours plus et sans vergogne. Si par bonheur ce monde-là ne bascule pas vers le pire (et nous l’espérons bien !) il n’en sera pas moins très différent de celui dans lequel nous avons vécu depuis une cinquantaine ou une soixantaine d’années.
Il y a longtemps déjà (en 1976, à la fin des Trente Glorieuses) Alain Souchon chantait « Le monde change de peau /sera-t-il laid ou bien beau ? »  Nous n’avons toujours pas la réponse. Et nous avons bien peur qu’elle ne soit même pas dans le vent, comme chantait Bob Dylan, «The answer is blowin’ in the wind», dans les années soixante, une époque où l’on ne se demandait pas si le monde avait besoin de chansons.

LTG

5 commentaires »

  1. Frédo dit :

    Il ne faut sombrer dans le pessimisme. La chanson existe bel et bien, marginalisée certes, mais elle attend de refaire son « pestacle ».
    Je relais votre article sur notre site.
    Merci.

  2. Chris Land dit :

    D’ac’ avec Frédo (ci-dessus)
    Même dans les pires moments de son histoire, les chansons ont accompagné les hommes. De résistance, de luttes, d’espoirs, les chansons sont là, à portée, comme un pansement, un aiguillon, une petite sonnette d’alarme aussi… présence indispensable… nécessaire (pour moi) !

    • administrateur dit :

      L’article ne se demandait pas si la chanson elle-même était dérisoire, mais si continuer à disserter sur ses états divers ne l’était pas un peu, dans un contexte général qu’on peut trouver assez préoccupant sans pour cela sombrer dans un pessimisme systématique.

      • Cyril C.Sarot dit :

        « Se demander si la « bonne » chanson reviendra un jour en grâce, ou si les oubliés du succès d’aujourd’hui seront les idoles de demain, a-t-il une quelconque importance ? »
        Vous êtes sévères avec vous-mêmes. Ce blog va tout de même plus loin que ça.
        Si l’on se pose (légitimement) la question pour la chanson, on peut aussi se demander s’il n’est pas dérisoire de « disserter » sur la littérature, le cinéma, la poésie, la sculpture, la peinture… En période troublée, préoccupante (ce genre de période qui peut mener à cette forme particulière de culpabilité menant elle-même à une fuite, injustifiée et dommageable, de soi et de ses intérêts, de ses engouements, de ses passions), je ne suis pas sûr que détourner les yeux de ce qui porte vie, créativité, intériorité, esprit, invention, imagination, soit la réponse.

  3. Danièle Sala dit :

    Disserter ou ne pas disserter sur la chanson, là est la question ! Mais on voit où nous mènent les dissertations des énarques, et des politiques de tous bords, alors que nous reste t-il pour garder un peu d’espoir, sinon résister par tous les moyens possibles, le corbeau coasse, le rossignol gringotte, et l’homme debout chante. Et la femme aussi.
    « Tais-toi, je sais tout ça
    Tais-toi, mais tais-toi
    Je sais le poids de l’épouvante
    Je sais la morsure du froid
    L’horreur d’avoir perdu la foi
    Et moi, pendant ce temps, je chante
    Excuse-moi »

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