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On pourrait débattre longtemps de l’importance du public potentiel qui serait celui de la chanson de qualité si elle était un peu mieux exposée par les médias. On peut être persuadé que son audience serait considérablement élargie, ou au contraire penser qu’elle resterait de toute façon restreinte, comme celle de la poésie, par exemple. Cette chanson dite de qualité, ou « bonne chanson » jadis appelée « chanson à texte », a pour caractéristique d’être généralement plus ambitieuse, sur le plan des paroles surtout, que les productions courantes de l’industrie du disque, qui n’ont d’autre prétention que d’occuper gentiment l’espace sonore (et aujourd’hui visuel) et si possible de rapporter de l’argent. Les chansons plus ambitieuses mériteraient sans doute qu’on leur accorde un peu plus de place sur les antennes de France et de Navarre, mais reste à savoir de quelle ambition on parle. Est-il vraiment ambitieux de proposer des chansons, certes de qualité, mais dont on se dit qu’elles auraient pu être écrites pendant l’âge d’or de la rive gauche ? Être supérieur sur le plan littéraire ou poétique aux produits pour préados, est-ce suffisant ? On peut aussi se demander quelle forme doit prendre l’ambition d’une « bonne chanson » qui serait vraiment contemporaine ? Et les chanteurs « de qualité » eux-mêmes, toujours prompts à se plaindre du mauvais sort que les médias leur réservent, devraient peut-être se poser la question de la modernité musicale et textuelle de ce qu’ils proposent au petit public qui les suit, mais va diminuant en raison d’une moyenne d’âge de plus en plus élevée. Gainsbourg, puis Souchon et Bashung, comme aujourd’hui Camille, ont apporté chacun à sa manière une touche de modernité à la chanson. Ils ont connu le succès avec des mélodies et des textes qui sont loin d’être débiles, même s’ils ne ressemblent pas à ceux qu’on entendait dans les cabarets en 1960. Et si c’était la modernité qui faisait cruellement défaut à cette chanson anachronique, dite de qualité, mais qui « valse pour rien » dans une époque où plus personne (à part quelques amateurs) ne danse la valse ?

Pierre Delorme 

6 commentaires »

  1. Chris Land dit :

    Pas d’accord !
    Laisser penser que cette chanson-là (comme Ces gens-là de Brel) serait un avatar de la période « bénie » de la chanson « rive gauche » (pardon pour tous ces guillemets), c’est ignorer, ou faire semblant, que le fil ne s’est jamais interrompu. Que les auteurs et interprètes se sont succédé mais qu’il était plus juteux financièrement de vendre de la daube plutôt que de la qualité au plus grand nombre. À cette époque, personne (pas encore) ne se questionnait sur les « panels », « cœurs de cible » ou autres marchandisation du produit chanson.
    On faisait tourner deux des dernières chansons de Ferrat ou de Mick Micheyl, de Boby Lapointe ou d’Adamo, de Christine Sèvres ou de Jean Arnulf, de Leny Escudero ou de Claude Nougaro, etc.
    Aujourd’hui, rien (?) n’empêche que tombent dans des oreilles multiples des chansons du p’tit dernier d’Agnès Bihl ou de Manu Galure, ni de Rémo Gary ou de Pierre Lebelâge, de Francesca Solleville ou de Jérémie Bossone, d’Anne Sylvestre ou de Louis Ville … (remplissez les pointillés).
    Ce qui a fait dire à Aznavour que s’il devait débuter aujourd’hui, il n’aurait aucune chance ! La modernité, ça se démode… c’est son principal défaut !

    • LTG dit :

      Ce commentaire est une synthèse des poncifs habituels: on n’entend que de la daube sur les antennes, les « grands » des années cinquante ne parviendraient pas à se faire connaître aujourd’hui, et la modernité n’est pas moderne. Mais les chanteurs et chanteuses cités, du moins les plus anciens, n’ont -ils pas eu leur chance de convaincre le public? Les plus jeunes, grâce à internet, n’ont-ils pas plus que jamais l’occasion d’être repérés? Agnès Bihl, qui a chanté au Palais de congrès en première partie d’Aznavour, est-elle vraiment une victime du système?
      Pierre Delorme

  2. marc havet dit :

    Le bon peuple ne risque pas d’apprécier ou pas ces chansons puisqu’il ne les entend pas ! Seuls les milieux autorisés s’autorisent, comme disait Coluche!
    On continue !

    • LTG dit :

      Le « bon peuple » a déjà entendu des chansons de ce type, c’était il y a longtemps déjà, maintenant il écoute d’autre choses, des bonnes et des moins bonnes, comme toujours. Quant à Coluche (que vous n’auriez pas connu sans le show-business), je me souviens aussi d’un sketch où il évoquait les artistes qui se plaignent à longueur de temps de ne pas avoir eu leur chance, mais oublient de parler des nombreuses fois où la chance s’est déplacée pour rien.
      Pierre Delorme

  3. Chris Land dit :

    À mon avis, les poncifs habituels sont légion dans le texte proposé : « Mais les chanteurs et chanteuses cités, du moins les plus anciens, n’ont-ils pas eu leur chance de convaincre le public ? »
    Poncif de taille et tellement de fois entendu !… « Si on a du talent, ça finit toujours, un jour ou l’autre, par se savoir… » Combien de fois ce poncif est-il venu « éclairer » une discussion traitant de la difficulté de se faire entendre par le plus grand nombre ? Ceux qui y parviennent le plus facilement sont ceux qui « choisissent » de chanter en anglais ou de se produire dans des émissions télévisuelles désolantes quant au contenu des paroles proposées mais qui semble, à la lecture de l’article, être un vivier de modernité… Poncifs !

  4. Akani dit :

    « Les chansons plus ambitieuses mériteraient sans doute qu’on leur accorde un peu plus de place sur les antennes de France et de Navarre, mais reste à savoir de quelle ambition on parle. » :
    Je pense humblement que toutes les chansons mériteraient qu’on leur accorde plus de place sur les antennes. Notamment sur les antennes du service public, la France ayant adhéré à la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de 2005. Mais comment des chansons dont la qualité peut relever des goûts personnels et de la subjectivité, peuvent avoir plus de poids dans les programmations de la radiodiffusion dont le modèle économique est basé sur la concentration et le matraquage d’un nombre restreint de titres ? Les propositions du rapport Bordes Changeront-elles quelque chose ? http://www.snepmusique.com/actualites-du-snep/les-18-propositions-du-rapport-bordes/

    « Est-il vraiment ambitieux de proposer des chansons, certes de qualité, mais dont on se dit qu’elles auraient pu être écrites pendant l’âge d’or de la Rive gauche ? Être supérieur sur le plan littéraire ou poétique aux produits pour préados, est-ce suffisant ? On peut aussi se demander quelle forme doit prendre l’ambition d’une « bonne chanson » qui serait vraiment contemporaine ?
    La très bonne question est posée, et les esprits curieux et ouverts auront encore comme des chercheurs d’or à explorer internet, les scènes ouvertes ou les tiroirs du terroir à la recherche de ces bonnes chansons contemporaines. Et si elles ont des airs d’âge d’or de la Rive gauche, ce dernier sera par conséquent toujours contemporain.

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