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rimbaudleoferrepoetessept_onuw_1bqhv8Je fais partie de ces gens d’extraction modeste, comme on dit, ayant grandi dans un environnement culturel assez pauvre et qui n’ont pas eu la chance, à l’école primaire puis aux collège et lycée, de tomber sur ces instituteurs ou ces profs ayant le don de transmettre la passion des livres, des histoires, du théâtre et de la poésie. Aussi, les rédactions, les explications de texte, devenaient pour moi autant de tortures auxquelles il me fallait régulièrement me soumettre. Tous les auteurs se transformaient à mes yeux en autant de sinistres emmerdeurs. Je me suis donc lancé un peu tout seul dans la littérature, grâce au Livre de poche qui permettait d’y accéder pour pas cher, choisissant mes ouvrages, sans rien y connaître, à partir des titres qui me plaisaient.
Quant à la poésie, ce fut sans doute ce qui entraîna chez moi le rejet le plus fort. L’obligation d’ânonner devant les petits camarades des vers que nous n’étions nullement obligés de comprendre mais qu’il nous fallait surtout apprendre par cœur, sous peine de mauvaises notes, me plongeait dans un ennui profond. Nul ne mesurera jamais combien j’ai détesté Alfred de Vigny à qui il fallut soixante vers pour faire mourir un loup…
C’est à la chanson, et à elle seule, que je dois d’avoir vu disparaître cette aversion pour la poésie. En particulier grâce à la découverte des chansons de Georges Brassens et à l’émerveillement que me procura son écriture. Le choc ressenti les premières fois à l’écoute des Poètes de sept ans ou des Assis, par Léo Ferré, y contribua aussi grandement. Car, heureusement pour moi, Rimbaud s’était montré plus ouvert que Victor Hugo en n’interdisant pas que l’on déposât de la musique au pied de ses vers. J’étais sauvé…

Floréal Melgar

11 commentaires »

  1. Anne Audigier dit :

    C’est autobiographique, Floréal ?

  2. Norbert Gabriel dit :

    Idem pour l’extraction, en revanche, privilège d’être né à Pierre-Bénite, banlieue de Lyon, qui, comme son nom ne l’indique pas, est communiste depuis que le communisme existe (en gros), et dès l’école primaire nos instits nous faisaient faire du théâtre, avec les chansons de Trenet, ou des Compagnons de la chanson… Et Le Petit Cheval dans le mauvais temps fut un de nos premiers tubes, en récitation, en chanson, en dessin, en gouache… On était prêts pour Brassens… Merci aux instits rouges (cerise) de Pierre-Bénite. Où est née aussi la cerise Burlat…

    • MARCOCCIA Isabelle dit :

      Je suis également de Pierre-Bénite, sœur de Floréal, et je suis tout à fait d’accord avec ce qu’il dit sur certains profs, je me suis également ennuyée en histoire et français quand il fallait réciter par cœur, j’avais horreur de ça et je n’arrivais pas à retenir, heureusement une autre prof de français m’a fait aimer la grammaire, l’orthographe et conjugaison ! Sauvée, comme dirait Floréal !

  3. POMMIER Marc dit :

    Ah, oui, c’est grâce à la chanson que je suis venu à littérature ! Mon père instituteur a plutôt humainement oeuvré dans un petit village pour le football ! Ma mère ne fut pas une grande passionnée !
    Quelques profs m’ont intéressé, mais trop tard ! Une orientation aléatoire, le garçon ado peu motivé qui cherchait un chemin…
    La chanson grâce à ma soeur et des copines à elle…
    Premiers concerts et festival en 1978 pendant quinze jours dans un festival rock et chanson à Marthon, en Charente.
    Il n’est jamais trop tard !!!

  4. Chris Land dit :

    Le « par cœur », c’est tout con quand on est gamin. Une corvée, un pensum. J’ai appris La Mort du loup en 5e sans en comprendre vraiment toute la signification, mais aujourd’hui encore, je peux en réciter de mémoire au moins 20 vers dont j’apprécie la cadence, le choix des mots, le rythme, le sens (enfin j’espère)…
    Dans le cours de son nouveau spectacle, MelissMell demande au public de lire à haute voix quatre vers dont beaucoup (tous ?) sont extraits du poème de De Vigny. Alors je jubile…

  5. mf- Comte dit :

    Tout est politique… aussi, ou somme toute (au choix)

  6. Ayant appris le français en tant qu’adulte d’abord par la chanson — je n’ai jamais suivi de cours —, j’ai été parachuté quelques années après prof de français à la fac. J’ai instinctivement mis la chanson à toutes les sauces dans mes cours de langue et, fort de cette expérience, écrit tout un livre sur pourquoi et comment enseigner langue et culture PAR la chanson : La Clef des chants – La Chanson dans la classe de français. Epuisé sur papier, il existe encore sur internet. Tapez le titre et mon nom sur Google pour le retrouver. Cet enseignement est devenu monnaie courante depuis dans différentes langues, différents pays. La chanson est « bonne à tout faire » !

  7. coco.cabri dit :

    Et comme on n’entend plus beaucoup les chansons françaises ni à la télévision ni dans les radios, nous allons perdre l’usage de notre poésie ! Rares sont les ados qui apprécient la poésie et la chanson quand ils viennent, comme nous, d’une classe sociale sans cuillère en argent à la naissance ! Dommage !

  8. Michèle Dubromelle dit :

    Au temps lointain où j’étais prof à tout faire dans un collège technique de banlieue, j’ai dû recourir à quelques stratagèmes pour convaincre des ados qui se croyaient « trop bêtes pour aimer la poésie » qu’elle était un bien commun, comme on dit maintenant. Par exemple, la vie de Rimbaud racontée en épisodes, comme un feuilleton, ou des textes de chansons utilisés pour la dictée, suivie de l’écoute sur un magnétophone portable à cassettes. Le « 1/4 d’heure poésie » est devenu un rituel, et un jour ils se sont mis à écrire. C’est un de mes plus beaux souvenirs de prof.

  9. Wroblewski dit :

    Salut,

    En écoutant Floréal dans l’émission « Chroniques hebdo » sur Radio libertaire, j’ai eu envie de refaire un tour sur « Crapauds et Rossignols ». Et j’ai aperçu le titre de cet article que je me suis empressé de lire. Les amis d’un blog consacré aussi à la chanson française ayant eu la gentillesse de publier ma modeste contribution sur le même thème de la poésie en chanson, je vous en donne le lien, ce sera peut-être l’occasion, si ce n’est déjà fait, de vous faire découvrir un blog et une émission de radio fort sympathiques et agréables à lire et à entendre : http://radioherbetendre.blogspot.fr/2014/11/verlaine-tous-les-etages.html

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