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Idee

Image : RubySS/DP

Parlez-lui d’intermittence, et Ségolène Royal vous dira d’un seul jet : « Il y a une soif de culture dans les écoles, les collèges, les lycées. Pourquoi est-ce que les intermittents, en contrepartie de leur indemnisation, n’interviendraient pas dans le système scolaire, ou auprès des jeunes, ou même auprès des seniors, ou dans les maisons de retraite*. » Comme la plupart des journalistes de plateau télé, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes semble réduire les intermittents aux seuls comédiens, chanteurs, danseurs, omettant, pour la commodité de sa démonstration, les techniciens – ceux du cinéma, notamment, qui ont été les premiers concernés par ce régime. On pourrait la croire aussi acquise à l’idée que l’intermittent travaille « trois mois » ou « trois mois et demi » (cette durée, variable selon les chaînes et les journaux, dépend probablement du travail d’investigation journalistique) et vit d’indemnités le reste de l’année. Voilà pourquoi Ségolène n’est pas muette et soutient que, « peut-être, on peut leur demander des tâches* ». Ateliers-théâtre ou d’écriture de chansons, spectacles pour enfants ou seniors… Nombre d’intermittents interviennent déjà dans les établissements scolaires et les maisons de retraite. Et, jusqu’à plus ample informé, leurs « tâches » sont déclarées et rémunérées**. Or la ministre épisodique les verrait bien effectuées par des intermittents (les mêmes ? d’autres ? elle ne le précise pas) « en contrepartie de leur indemnisation ». On glissera sur la promotion du travail gratuit par une éminente représentante du socialisme à la française, pour souligner que son idée, si elle se concrétisait, aurait, entre autres conséquences, celle de précipiter davantage d’intermittents dans une plus grande précarité. Car, d’ores et déjà, « un intermittent sur deux n’est pas indemnisé », comme l’a martelé Samuel Churin, de la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France (CIP-IDP), aux marionnettes du Medef (euh, pardon… aux journalistes économiques) qui ont joué avec ses nerfs la semaine dernière.

LTG

* Sur i>TELE, le 27 février 2014.
** Certaines de ces activités relèvent du spectacle (annexes 8 et 10 de l’assurance-chômage), d’autres de l’animation (annexe 4). Pour plus de détails, lire le commentaire de Lionel Salmon.

3 commentaires »

  1. Ah, Ségolène… toujours aussi bien informée ! Beaucoup d’intermittents arrivent à conserver leur statut justement en intervenant dans les maisons de retraite, les lycées, les collèges. Quant à pouvoir obtenir les 507 heures, il faut pour cela énormément de cachets sur des périodes bien précises. Et ce que la classe médiatico-politique feint de ne pas comprendre, c’est que ne pas avoir de cachets ne signifie pas se tourner les pouces. Ces propos sont stupides et blessants : les intermittents passent leur temps à chercher des engagements ou à imaginer des formules, des spectacles qui pourraient leur procurer des cachets.

    • René Troin dit :

      Vous avez bien fait d’élargir votre commentaire à l’ensemble de la « classe médiatico-politique ». Là, c’est tombé sur Ségolène Royal parce que ses propos ont été largement repris, mais elle n’est sûrement la seule mauvaise élève de ladite « classe » à avoir rendu un mauvais devoir sur la question de l’intermittence.

  2. René Troin dit :

    Un message de Lionel Salmon qui vient éclairer la deuxième note de notre éditorial.
    Évidemment madame Royal, ne semble pas bien connaître le régime de l’intermittence et les modes de rémunérations attachées à leurs activités « spectacles » et « formation », d’un côté, « animation » de l’autre. Car comme il est dit dans l’éditorial, les artistes sont déjà rémunérés au titre de leurs actions de formation ou de sensibilisation en milieu scolaire ou dans d’autres structures (maison de jeunes, foyer du 3e âge, etc.). Mais, car il y a un mais… ces rémunérations et leur prise en compte pour le régime de l’intermittence ou pour le calcul de leur indemnité chômage restent une affaire complexe.
    Tout d’abord, elles sont limitées en heures : 55 heures actuellement. Des organisations syndicales demandent à ce qu’elles soient portées à 169 heures, soit le tiers du temps requis (507 heures) pour accéder au régime. Ce qui serait beaucoup plus juste. Bon nombre d’artistes intermittents interviennent auprès des publics jeunes, amateurs, adultes pour répondre à cette « soif de culture ». Cette démarche, essentielle à l’épanouissement de chacun, correspond à une continuité du travail de plateau de l’artiste et non à quelque chose d’étranger à son métier. L’artiste ? L’animateur ? C’est là ou le bât blesse. L’animation relève de l’annexe 4 (régime général) et non des annexes 8 et 10 (intermittence). Et ce n’est pas fini… Ne peuvent être prises en compte, uniquement, les heures effectuées (dans la limite des 55 heures) :
    – dans les établissements scolaires publics ou privés sous contrat, universités… ;
    – les structures de droit privé bénéficiant d’un financement public (État ou collectivité territoriale) ;
    – les établissements d’enseignement public de la musique, de la danse, de l’art dramatique (conservatoires à rayonnement régional, départemental, communal ou intercommunal) ;
    – les structures dispensant un enseignement artistique dans le domaine du spectacle vivant, répertoriées par le code NAF 8552Z ;
    – l’Institut national de l’audiovisuel (INA)…
    Ainsi il peut y avoir cumul d’un CDI à temps partiel (formation) avec l’intermittence… Et, pour finir, il faut que le dernier contrat à la date anniversaire ne relève pas de l’annexe 4… Mais 55 heures c’est pas derche !

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