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Ferrat N et BDans l’un des commentaires postés sur notre site, on a pu lire : « […] quand Bécaud chantait
Les Croix ou Mes mains, j’ai compris une autre dimension de la chanson. Qui a fixé dans mes gènes
le goût pour la chanson qui raconte…
Itsi Bitsi
Petit Bikini, ça ne racontait pas grand-chose […]. » Voire… et nous verrons plus loin si cette sautillante niaiserie n’a pas quelque chose à nous apprendre.
Mais commençons par les choses sérieuses.
Nous qui allions sur nos douze ans en 1964, qu’aurions-nous su de la Shoah, sans Jean Ferrat ? À l’école on n’en parlait pas, et dans la plupart des familles non plus… Alors, Nuit et Brouillard a beaucoup tourné sur les électrophones l’hiver de cette année-là.
Et si les premiers mots nous happaient à chaque écoute (« Ils étaient vingt et cent,
ils étaient des milliers / Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés »)
,
ce sont peut-être ceux-là qui nous ont le plus remués : « Je twisterais les mots s’il fallait les twister / Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez. » Piqués au vif
que nous étions ! Il fallait que nous sachions… Léo Ferré, aussi, avec L’Affiche rouge, nous a poussés à chercher, sur la Résistance, plus loin que les clichés ou
les silences.
Parmi les choses dont on ne parlait pas « devant les enfants », ou alors à mots très couverts, il y avait l’avortement et la contraception. Sur ce sujet, c’est Antoine
(oui, celui des Elucubrations) qui nous a dessillés. Dans La Loi de 1920, il s’est fait journaliste pour raconter l’histoire d’une femme qui n’a pas choisi d’avoir neuf enfants. Le mari jamais là, le taudis, l’eau coupée… Quand la mère décide de s’évader de la misère, « Il suffit de tourner un robinet / Sa main tremble, les enfants dorment à coté / Ils ne se sont plus jamais réveillés ». Pour éviter ce drame, conclut le chanteur, « On aurait pu penser […] à revoir enfin la loi de 1920 ». Contrairement à Nuit et brouillard, que l’on entendit un peu à la radio (1), La Loi de 1920 n’y passa pas. Pour la découvrir, il fallait se procurer le premier 33-tours d’Antoine – ce qui, dans des années où le 45-tours était roi et l’argent de poche compté, ne relevait pas de l’achat courant (2). Les rédacteurs de l’histgeobox (3) ne s’y sont pas trompés.
Ce titre d’Antoine illustre leur approche du chapitre de notre histoire qui court
de l’« obsession nataliste », portée par le Bloc national majoritaire en 1919, à la reconnaissance par la loi Veil de « la pleine et entière maîtrise de leur corps pour
les femmes »
en 1975.
On ne trouve pas encore Itsi Bitsi Petit Bikini au sommaire de l’histgeobox, mais rien ne dit qu’elle n’y sera pas un jour. Ne serait-ce que pour éclairer le dernier mot. Bikini désigne bien sûr le maillot deux-pièces qui électrisa les plages au milieu du siècle dernier. Mais, pour lancer sa création, le 5 juillet 1946, à Paris, Louis Réard s’était inspiré d’un événement brûlant : les essais d’armes atomiques effectués cinq jours plus tôt par les Etats-Unis à Bikini, un atoll du Pacifique. Si le Français en a profité pour jouer sur les mots (l’un de ses slogans était « Le Bikini, la première bombe an-atomique ! ») (4), les Américains n’ont peut-être pas été mécontents de voir la petite bombe vestimentaire accaparer les conversations et détourner les regards… Comme quoi on a bien quelque chose à apprendre d’Itsi Bitsi Petit Bikini. Et de Félicie aussi ? Aussi.

René Troin

(1) Cf. « Cinq chansons censurées sans succès » (rubrique « Billets »).
(2) Après recherche, la chanson apparaît sur un 45-tours simple (2 titres) de 1966. Etait-il réservé aux juke-boxes ? Etait-ce l’une des premières tentatives d’une maison de disques française pour imposer ce format dans l’Hexagone où l’on était habitué aux EP 4 titres ? Toujours est-il que la cote de ce simple sur le marché de la collection indique sa rareté.
(3) Ce blog pédagogique, tenu par des professeurs de lycée et de collège, vaut la visite, même si l’on n’a plus, depuis longtemps, le souci du brevet ou du bac à la fin de l’année.
(4) Source : Wikipédia.

Pour ceux que la note (3) aura appâtés :

1 commentaire »

  1. Norbert Gabriel dit :

    Salut,
    J’avoue, c’est moi qui ai commenté avec la chanson qui raconte… A l’époque il y avait aussi Ma cabane au Canada et Actualités et autant l’une que l’autre, pour des raisons différentes, ont fait entrer la chanson dans mon quotidien, par des échos personnels, un oncle qui venait de s’installer à Montréal, et une petite fille de mon âge, une voisine, qui était

    « Un enfant bleu
    Dans son berceau de bois blanc
    Fermant ses yeux innocents
    Meurt tout doux tout doucement »

    de la chanson de Stéphane Golmann… ça ne m’a pas empêché de chanter des niaiseries, comme Itsi Bitsi, ou La Danse des canards, mais uniquement dans le huis clos de la bagnole en écho à l’autoradio.. Mais ce ne sont pas ces disques que j’achetais.
    Et je suis carrément ferré par le lien Histgeobox…

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