Either this is a new layout, or it has just been Reset. You can start building this layout by adding/removing modules from/to it.

Après avoir consacré nos deux dernières rubriques pour la revue « Hexagone » à la critique chanson, nous avons souhaité leur donner une suite ici même en demandant à plusieurs artistes de nous livrer leurs points de vue.
Nous pensons en effet que la critique chanson se distingue des autres critiques, notamment celles qui concernent le cinéma et la littérature, par son manque de nuances et sa propension à la flatterie. Aussi avons-nous demandé à ces artistes de répondre à ces questions : « Qu’attendez-vous de la critique chanson ? Que devrait-elle être, selon vous, non en ce qui vous concerne personnellement mais d’une manière générale ? L’état actuel de la critique chanson vous convient-il ? »
Pour commencer, voici la contribution de Gildas Thomas
.

Pierre Delorme et Floréal Melgar

En lisant les propos tenus ici, il me vient tout de suite le débat Gainsbourg-Béart chez Bernard Pivot (« Apostrophes ») dans les années 80… Je n’ai pas envie de parler d’art mineur ou majeur mais à un moment Gainsbourg a asséné la phrase qui tue : « en chanson il n’y a pas d’initiation… » Tout est dit. Tous les autres arts (littérature, peinture, cinéma, théâtre…) demandent de maîtriser les techniques des prédécesseurs, de connaître ce qui a été fait avant, et surtout de respecter ce qui a été fait avant, avant de songer à s’en affranchir. En chanson, non. S’affranchir du passé est souvent synonyme de rejet du passé, d’emblée, sans même le connaître. Car le passé est « ringard ». C’est l’ADN de la chanson : elle n’a pas de « classiques », en tant qu’art populaire elle est en prise directe avec le monde contemporain. Et uniquement avec lui ! En somme il s’agit d’un art à obsolescence programmée. Il est tout à fait « normal » que Maurice Chevalier soit oublié. Comme le fait que Bécaud soit inconnu de tous les moins de 40 ans. Que Bruel sera lui aussi dans les oubliettes à l’horizon 2045… Et Brassens et Brel sont plus connus pour leurs écoles et médiathèques qui portent leurs noms que pour leurs chansons par les moins de 20 ans… Alors institutionnaliser une critique dans ce cadre me paraît bien compliqué, car je suis d’accord, il n’y a pas de critique sans références, sans culture du passé. Mais à quoi bon ? Puisque, par définition, le passé, on s’en fout ! Alors effectivement, on tombe très vite dans le « j’aime / j’aime pas » inutile, ou dans des envolées lyriques qui ne sont souvent lyriques que pour leurs auteurs… Je fustige l’appellation CFQ. Qui a la légitimité pour la définir, pour donner un blanc-seing à untel ou unetelle pour en faire partie ou pas ? Quelles sont les règles ? Elles sont écrites où ? Orelsan c’est quoi ? Un simple pur produit de l’industrie, ou un artiste qui sait fichtrement bien écrire ? Pour ma part, ma seule catégorisation réside dans la dichotomie artisanat / industrie. C’est absolument objectif. Uniquement me référer à la production. Car, comme dans l’agroalimentaire, il existe de la qualité et du caca dans les deux. La chanson étant un art de la contemporanéité, elle est quand même face à un écueil. Elle demande de… l’attention ! Or, notre civilisation a considérablement perdu en capacité d’attention depuis plus d’une trentaine d’années. C’est un fait implacablement démontré par les neurosciences. C’est donc à la chanson de s’adapter à son époque. Et pas l’inverse. Je me méfie pas mal des discours victimaires qui tendent à dire que la part exsangue laissée à la chanson dans les médias serait uniquement de la faute des journalistes, médias, industriels, producteurs… C’est à mon sens plus complexe que cela…
Je partage l’avis que l’on a besoin de critique, c’est-à-dire d’esprit critique. A développer chez les journalistes, les prod, les artistes, le public… On a besoin d’échanges, de débats, de foires d’empoigne, d’ accords et de désaccords… Mais pas convaincu qu’il y ait aujourd’hui nécessité de faire appel à des critiques de métier…  ou alors pour animer des débats bien précis. Pour ce qui est des découvertes, cinq ou six minutes à surfer sur les sites des artistes, les pages fb, deezer, Spotify ou YouTube en apprennent bien davantage que deux pages aussi bien écrites soient-elles. Corollaire négatif : ce flot d’infos, d’écoutes et de teasers peut dissuader d’aller au concert… 

Gildas Thomas

1 commentaire »

  1. Norbert Gabriel dit :

    Salut, il y a un élément qui n’est pas pris en compte, la très grande majorité de ceux qui écrivent sur la chanson sont des bénévoles dans des supports gratuits sauf 2/3… C’est différent du journaliste pro qui a un devoir de suivi et qui est payé pour, et invité … Imaginons que j’envisage de suivre chaque mois 10 spectacles Olympia ou Zénith, ou Accord Aréna, en payant ma place, c’est un tiers de ma retraite grosso modo … Donc, il reste les petites salles à 15/20€, et des spectacles où je suis parfois invité. S’il arrive que je sois déçu par un spectacle, qui a plu aux autres spectateurs, je garde mon opinion pour moi… Eventuellement si je connais bien l’artiste, je lui fais part de mes réserves. Une chronique enthousiaste et documentée peut aider, il est arrivé une fois (à ma connaissance) qu’une chronique aide un programmateur d’un petit festival à convaincre ses collègues, ce fut le cas pour Abd Al Malik, il y a bien 15 ans, a contrario, si je fais une descente en flammes de Aya N ça ne changera pas grand chose, mon petit lectorat s’en fout d’Aya N et son public s’en bat les côtelettes de mes foucades .

Soumettre un commentaire »




Commentaires récents

rubriques

Abonnez-vous à notre newsletter