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Nous devons bien l’avouer, les crapauds, les rossignols et nous-mêmes sommes fatigués de toutes ces questions sans réponse que pose la chanson. D’ailleurs qui a envie de questions ou de réponses dans ce domaine ? Les amateurs du genre se « régalent », le reste leur importe peu.
Nous sommes fatigués de lutter contre des moulins à vent, fatigués de voir les vessies prises pour des lanternes, fatigués de ces admirations inconditionnelles dont on se demande si ce qui est le plus important chez l’admirateur est non pas l’objet de son admiration mais l’admiration elle-même.
Il est vain de réclamer la naissance d’une véritable critique chanson. Pour quoi faire ? Chacun s’en remet à son sacro-saint ressenti comme unique boussole au pays des goûts et des couleurs dont chacun sait que « ça ne se discute pas », alors pourquoi discuter ?
Personne ne semble avoir besoin d’une véritable critique chanson, puisque cet « art » accessible à tous repart de zéro à chaque artiste et à chaque génération. Par un écrasement de la perspective tous les artistes présents ou passés se valent, il n’y a pas de hiérarchie. Brassens et Gauvain Sers, Pomme et Barbara c’est pareil. On adule l’écriture d’Anne Sylvestre et on ne sait plus qui était Claude Nougaro… Vouloir percevoir des hiérarchies dans les talents, c’est encore une ambition idiote dans un monde où Thomas Dutronc vaut Django Reinhardt et où Grand Corps malade est le nouveau Verlaine. Pourquoi des hiérarchies ?
Il faut bien admettre que les chansons même les plus brillantes qui ont illuminé nos jeunesses disparaissent ou ont déjà disparu. Peut-être que la chanson est un art, mais un art éphémère qui ne laisse guère de traces, un art sans progrès et sans passé, qui toujours recommence à son début.
Il y a des tableaux qui résistent au temps, des musiques savantes, des livres, des pièces de théâtre, même des films, mais la chanson s’envole comme les paroles, et leur musique avec ! Il ne reste que le souvenir de personnages, de mythes chantant, et l’écho des chansons même les plus marquantes de leur temps s’estompe et disparaît avec les oreilles qui l’entendaient encore.
Les figures iconiques de la chanson sont l’objet d’hagiographies d’où toute notion critique ou même simple réserve est exclue. Les amateurs compulsifs de chanson en consomment tant et plus, ils courent de découverte en découverte, de coup de cœur en coup de cœur. Insatiables consommateurs qui digèrent si vite qu’ils sont toujours affamés, jamais nourris. Nul doute que 2023 apportera son lot de découvertes et coups de cœur divers !
Oui, il arrive que nous soyons fatigués et que l’on se demande en pensant à la chanson : ça n’était que ça, finalement ? Mais c’est encore une question, une de plus… Nous sommes incorrigibles, 2023 est mal partie !

Pierre et Floréal

2 commentaires »

  1. Bruno Ruiz dit :

    Allez ! Bonne année à tous les deux ! Pardon : Bonne année à tous les deux ?

  2. Un partageux dit :

    « Il faut bien admettre que les chansons même les plus brillantes qui ont illuminé nos jeunesses disparaissent ou ont déjà disparu. Peut-être que la chanson est un art, mais un art éphémère […] »

    Quand j’étais lycéen un libraire d’occasion disposait d’un très vaste catalogue de littérature du passé. Le libraire avait des clients nombreux à la recherche des œuvres de Crevel, Perret, Artaud ou autres auteurs qui avaient marqué leur jeunesse.

    Allez raconter cela aux libraires d’occasion d’aujourd’hui ! Essayez donc de revendre la littérature parue voici quelques décennies ! Et qui même se souvient de noms de René-Victor Pilhes, Albertine Sarrazin ou Joseph Joffo qui ont pourtant vendu en leur temps des camions de livres ?

    Aujourd’hui, et c’est propre à notre époque, tous les arts sont devenus éphémères. Ce n’est pas le fantôme de Bernard Buffet qui va me contredire…

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