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L’intelligence et le talent ne sont pas des qualités innées, distribuées dès le départ au hasard ou même héritées génétiquement comme on voudrait nous le faire croire. Intelligence et talent ont besoin d’un terreau propice, d’un environnement favorable, pour se développer.
La méritocratie républicaine scolaire n’existe pas, ou alors à l’état d’exception qui confirme la règle, les statistiques le prouvent. C’est une chimère entretenue pour faire croire que les chances étant égales au départ chacun obtient ce qu’il mérite en fonction des ses qualités. On fait passer un ordre social arbitraire pour un ordre naturel où chacun serait à sa juste place.
Les enfants des dominants, même s’ils n’ont pas un goût prononcé pour les études, feront généralement des études longues et auront accès aux grandes écoles. Le circuit scolaire est taillé à leur mesure et ils deviennent « intelligents », c’est-à-dire plus intelligents que les autres. Ils hériteront des positions dominantes. Cela s’appelle la reproduction sociale. Ce phénomène est évidemment minoré ou carrément nié par ceux qui en sont les bénéficiaires car ils préfèrent penser qu’ils doivent leur position privilégiée à leurs qualités propres.
Cette reproduction sociale semble à présent s’étendre au domaine du divertissement populaire. Les « héritiers » y sont de plus en plus nombreux. Dans le cinéma et la chanson, les « fils et filles de » abondent. Ce monde du show-business a aussi ses dominants qui n’ont pourtant pas forcément plus de talent que d’autres au départ.
Mais, même sans prédisposition particulière, ils auront le loisir de s’épanouir dans un milieu qui est le leur, dont il maîtrisent les codes et où ils sont soutenus. Certains finiront même par développer un talent ou un savoir-faire. C’est bien le moins. Le public verra là une transmission génétique, mythe savamment entretenu par les animateurs médiatiques divers. La sagesse populaire le dit, « bon sang ne saurait mentir » ou encore « les chiens ne font pas des chats ».
Pourtant, il est quand même bien difficile, malgré l’environnement favorable dont ils ont bénéficié, de croire à l’importance du talent (voire à sa réalité) d’une Laura Smet, d’un Thomas Dutronc, d’une Charlotte Gainsbourg, ou encore d’une Chiara Mastroianni. A une journaliste qui évoquait le reproche qui pouvait lui être fait d’avoir été favorisée parce que « fille de Catherine Deneuve et Marcelo Mastroianni », cette dernière avait répondu qu’on ne reprochait pas à un boulanger ou un garagiste de reprendre la boutique de ses parents. On le voit, il s’agit finalement d’une affaire de commerce, de « boutique », dans le cinéma ou la chanson comme ailleurs. A la différence que le fils de boulanger ou de garagiste, s’il bosse comme un cochon, perdra sa clientèle et fermera boutique. Ce qui n’est pas forcément le cas dans le show-business, mais Mastroianni, Gainsbourg, Dutronc ou Smet, sont plus que des boutiques, ce sont des marques entretenues avec soin, avec le soutien complice des médias, par ceux à qui ça rapporte beaucoup. Ces « fils et filles de » continueront à être imposés au public à grand renfort de publicité et de « journalisme » de promotion. Les plus nuls d’entre eux finiront par s’effacer, mais il en demeurera un certain nombre plus ou moins talentueux.
Dans ce domaine du divertissement, il reste cependant encore de la place pour les non-héritiers (toujours plus que dans les grandes écoles !) et on voit fleurir des nouveaux venus qui bien souvent ne résistent pas très longtemps et retournent vite à l’anonymat. Ceux qui réussissent à « durer », talentueux certes mais surtout souples et complaisants, deviendront peut-être à leur tour une marque que reprendront leurs rejetons. Nous ne sommes pas sortis de l’auberge !

Pierre Delorme

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