Saviez-vous que l’établissement tenu par « un gros dégueulasse », dans la chanson Le Bistrot, ferait référence au café « Aux Sports réunis », rue Brancion, à Paris, proche de la rue Santos-Dumont où Brassens vécut un temps ? Et qu’un passage de la chanson Le Pornographe pourrait évoquer une maison close de la chaude rue Blondel, « Aux Belles Poules », fermée en 1946 ? Moi qui croyais tout savoir, ou presque, sur notre troubadour national, je viens de l’apprendre à la lecture du petit bouquin bien agréable de l’ami Ivan Perey, Le Paris de Brassens*, qui vient de paraître. Et si vous n’êtes pas de ces « spécialistes » qui n’ont plus rien à apprendre, je suis convaincu que vous ferez encore bien des découvertes à la lecture de cet ouvrage.
On sait que Brassens a beaucoup aimé la capitale, même si son nom ne figure curieusement dans aucun des titres donnés à ses chansons, au point de déclarer à Jacques Chancel, dans l’émission « Radioscopie », que « si l’on pouvait se faire naturaliser Parisien, je le ferais ». C’est à l’âge de 19 ans, en 1940, que Brassens, tenu de se faire oublier des Sétois après une petite erreur de jeunesse, découvre véritablement Paris, où il s’était déjà rendu brièvement en 1931 et 1937. Il y restera pratiquement jusqu’à la fin de sa vie.
Demeures diverses, bibliothèques, cabarets, locaux anarchistes, piaules des copains servant à l’occasion de garçonnières… Ivan Perey, en fin connaisseur et guide expérimenté sachant s’effacer derrière son sujet, nous emmène sur les traces de ce Brassens parisien. De la rue d’Alésia, première demeure, jusqu’à la rue Santos-Dumont, la dernière avant celle du cimetière, en passant bien sûr par l’incontournable impasse Florimont, Ivan Perey retrace ce parcours très original dans un récit alerte où fourmille quantité d’anecdotes et de précisions.
Voilà un petit livre bien sympathique, comme son format poche, et comme son auteur.
Floréal Melgar
* Le Paris de Brassens, d’Ivan Perey, éditions Alexandrines, Paris, 2021.
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Un petit ménage des Crapauds et rossignols semble nécessaire…
[…] Cet article a été rédigé à l’origine pour le site « Crapauds et Rossignols ».http://www.crapaudsetrossignols.fr/2021/09/27/brassens-le-parisien/ […]
Très belle initiative que ce livre « Brassens le Parisien », dans l’année du centenaire Brassens qui semblait, jusqu’à présent, plus concerner les Sétois que les Parisiens. Je voudrais, à ce propos, apporter un point de vue original sur le lien que Brassens entretenait avec Paris. On sait que Brassens parle, dans de nombreuses chansons, de la dichotomie et de la complémentarité entre l’âme et le corps : « Note ce qu’il faudrait qu’il advînt de mon corps lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord que sur un seul point, la rupture » (Supplique…), « Ce n’était rien, qu’un peu de miel mais il m’avait chauffé le corps et dans mon âme il brille encore à la manière d’un grand soleil » (Chanson pour l’Auvergnat). Mais dans la Supplique pour être enterré sur la plage de Sète, Brassens se fait plus précis et nous dévoile que s’il passait, chaque année, environ dix mois à Paris et deux mois à Sète, c’est parce que son âme était à Paris et son corps à Sète, et c’est pourquoi, après sa mort, il veut que sont corps soit enterré à Sète mais que son âme continue à hanter les rues de Paris : « Quand mon âme aura pris son vol à l’horizon vers celle de Gavroche et de Mimi-Pinçon, celle des titis, des grisettes, que vers le sol natal mon corps soit ramené dans un sleeping du Paris-Méditerranée ; terminus en gare de Sète » (Supplique…).