« Tout le monde peuvent pas être de Lyon, il en faut ben d’un peu partout », peut-on lire dans La plaisante sagesse lyonnaise, un recueil de « maximes et réflexions morales », de Justin Godart (1920). Mais des Lyonnais, il y en a, et pas des moindres !
Notons que la cité des « gones », en dehors de sa place prééminente dans la gastronomie mondiale, peut s’enorgueillir d’avoir offert au monde les inventeurs du cinématographe, les frères Auguste et Louis Lumière, mais aussi Marcel Teppaz, créateur de l’électrophone portatif Teppaz, si cher à notre ami René*.
Voilà déjà deux raisons qui devraient suffire à réhabiliter cette pauvre ville de Lyon si méconnue et si peu appréciée des Français, qui n’en connaissent souvent que les bouchons du tunnel sous Fourvière, l’empereur Gérard Collomb, le président honni de l’Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, et le sinistre cardinal Barbarin. Ce qui constitue un handicap, j’en conviens…
Mais revenons à nos moutons. Marcel Teppaz a donc inventé, à Lyon, l’électrophone auquel il a donné son nom : le Teppaz, dont le modèle le plus vendu fut baptisé Oscar.
Marcel n’est pas né à Lyon, mais pas bien loin de là, à Serrières-de-Briord, et c’est bien à Lyon qu’il a vécu et travaillé. Marcel Teppaz est donc un gone à part entière.
Wikipédia nous renseigne : « Issu d’une famille qui fabriquait et entretenait les mécanismes des filatures, il crée en 1931 une entreprise d’assemblage de matériels radio et amplificateurs, rue Jarente à Lyon, avec trois « compagnons ». En 1937, il lance une nouvelle affaire d’amplificateurs et 30 personnes s’installent dans des locaux plus vastes dans le même quartier, rue du Général-Plessier. Pendant la guerre, en 1941, il a l’idée de remplacer l’entraînement par manivelle des phonographes par un petit moteur électrique. Ce sera l’aventure fantastique du tourne-disque, puis de l’électrophone portable en 1952. Les chaînes de montage sont à Lyon, boulevard de la Croix-Rousse, la société a vendu 600 000 appareils dont les 1500 pièces sont assemblées par environ 600 employés, pour la plupart des femmes, qui travaillent à la chaîne. Le modèle « Oscar » a été vendu à des millions d’exemplaires, véritable succès jusqu’en 1970. 111 pays furent en effet conquis par le « Teppaz portable », ce qui valut à son auteur l’Oscar de la meilleure entreprise française à l’exportation en 1962. » **
Marcel Teppaz a aujourd’hui une rue à son nom dans la capitale des Gaules (c’est bien le moins) et sa tombe se trouve au cimetière de la Croix-Rousse. Plus gone que lui, c’est pas possible !
Son invention a joué un rôle considérable pendant les Trente Glorieuses, notamment pour la génération du baby-boom, grande consommatrice de musique destinée aux « jeunes », nouvelle catégorie sociale et commerciale créée par les Américains.
Parmi ces baby-boomers, du côté de La Crau (Arizona), très au sud de Lyon, se trouvait le jeune René Troin, dont la vie fut chamboulée par les chansons des groupes anglais, des « yéyés », et surtout celles de Bob (Dylan) dont il usa les disques jusqu’à la transparence sur son Teppaz Oscar ! Plus tard, il créera en souvenir de cette époque la rubrique Teppaz et SLC (Salut les copains!) sur le célèbre site Crapauds et Rossignols !
Je m’en vais maintenant de ce pas faire un tour en hommage dans la rue Marcel-Teppaz et peut-être même pousserai-je jusqu’au vieux cimetière de la Croix-Rousse, pour un coup de chapeau à Marcel et une pensée émue pour notre ami René.
Pierre Delorme
* http://www.crapaudsetrossignols.fr/2013/09/27/pour-commencer/
** Pour en savoir davantage, on pourra se référer au livre de Michel Loude : Quand Teppaz faisait tourner le monde, Jacques André éditeur, 2006.
Ou encore un article de Lyon Capitale, https://www.lyoncapitale.fr/actualite/teppaz-la-platine-vinyle-inventee-a-lyon-que-le-monde-s-arrachait/
Quelques images d’époque :
Il se trouve que je connais un petit-fils de Marcel Teppaz. Devinez ce qui occupe ce charmant garçon ? Allons ! Faites tout de même un petit effort… Ça tombe sous le sens.
Eh bien monsieur est prof dans un conservatoire où il enseigne la guitare. Et par ailleurs, si l’on peut dire, il noircit du papier musique…
A quel endroit peut-on cliquer « j’aime » comme sur Facebook » ??