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Dans le cadre de nos discussions autour de Georges Brassens, nous abordons ici la question de ses thèmes d’inspiration et de ce qu’aurait pu devenir sa création s’il avait vécu davantage.

TortueNous nous souvenons avec précision de notre déception à la parution du dernier 33-tours de Georges Brassens dont nous aimions pourtant beaucoup les chansons. Déception de retrouver les mêmes histoires de cocus, de Cupidon, bref, le petit univers de Brassens, qui semblait imperméable au temps qui passe et à son cortège d’événements*.
Avec le recul, ce dernier disque vient prendre sa juste place dans une œuvre désormais close. Une œuvre très homogène. Peut-être un peu trop ?
Rien ne « dépasse » dans cette discographie, nous sommes face à une forme de perfection. Une collection impeccable.
On peut dire aussi que Brassens ne fut guère aventureux et qu’il ne s’est guère éloigné de ses propres sentiers battus, dans le domaine de la création de chansons du moins. On le comprend mieux à la lecture d’une interview qu’il accorde en 1976 à un journaliste étonné que dans ce dernier disque, une fois encore, le chanteur traite des mêmes thèmes, qu’il ne se renouvelle guère. Brassens lui répondra « qu’il est fini », que ce qu’il avait à trouver, il l’a trouvé depuis longtemps et qu’il ne reste plus qu’à l’écrire, le mettre en forme**.
Une fois encore, cela peut sembler un peu décevant et ressembler à un manque d’ambition artistique, même si Brassens fut un auteur génial. A moins qu’il ne s’agisse chez lui d’une forme de lucidité supérieure. On peut se poser la question.
Quand on écoute la discographie complète de certains de ses illustres collègues de l’époque, comme Brel, Ferré ou Nougaro, on entend une indéniable évolution dans leur façon de faire. Chez Brassens, hormis quelques détails, rien ne change du début à la fin.
Avait-il atteint dès le début une forme de perfection que rien ne pouvait remettre en cause ou bien se contentait-il de naviguer en « père peinard » sur ce qu’il savait faire ?
On peut imaginer aisément que même s’il avait eu la chance de vivre plus longtemps et de publier d’autres chansons, elles auraient bien sûr été parfaites et auraient ressemblé comme deux gouttes d’eau à celles qui les avaient précédées. Simplement, il est permis de s’interroger sur cette forme de prudence, ou même cette absence de curiosité, chez l’un de nos plus grands auteurs de chansons.

Pierre Delorme et Floréal Melgar

* Les seules « concessions » à l’actualité plus ou moins récente de l’époque se résument dans ce 33-tours à deux ou trois chansons. Tempête dans un bénitier, à l’anticléricalisme hilarant, Le boulevard du temps qui passe, où les événements de Mai 68 sont réduits à un conflit des générations. Et Montélimar, qui dénonce l’abandon des animaux de compagnie sur la route des vacances. De quoi décevoir les jeunes gens que nous étions.

**Brassens, chez lui en 1976, répondait à un journaliste.

4 commentaires »

  1. Sarclo dit :

    Il disait dans une autre entrevue, de mémoire, « à quoi bon ouvrir des portes par lesquelles on est déjà passé ». Il pensait avoir déjà ouvert celles qui pouvaient se présenter devant lui. Chanter ce deuil-là, cette blasitude, qui s’y colle ? Vu l’âge des spectateurs qu’il reste pour la CFQ… y a un marché. Souchon, t’es là ?

  2. Ne pas oublier l’autre sens de « fini » : achevé. Certains ont besoin de se renouveler (Gainsbourg, Higelin, Jonasz, Thiéfaine, Sheller, Nougaro, Lavilliers…) d’autres se trouvent dès le départ (Leclerc, Annegarn, Lapointe, Brassens, Trenet, Sylvestre…) et s’y trouvent bien et donc n’éprouvent pas le besoin de changer. Renouveler les formes est parfois salutaire. Mais pas obligatoire. Le fond est aussi important. Et surtout l’évidence de l’ensemble.

  3. Vincent Crosetti dit :

    Pour Pierre…
    À ma grande honte, je n’ai jamais été « fan absolu » de tous ces artistes qui me passionnent depuis cinquante ans… Peut-on, à mon humble avis, être attiré par TOUTES les chansons (en bloc) de Brassens (et tant d’autres) ?… J’avoue (encore honteusement) que je suis un adepte de la manie de la « compilation » dans laquelle je rassemble mes préférences pour un bonheur « intense », si j’ose dire… Même un certain Delorme n’y échappe pas (pardon Pierre), il faut bien avouer que je reste plus « marqué » par « Traboules & Savanes » comme « L’Aviateur » tout en sachant apprécier les albums (CD) suivants ! Et de me répéter en disant « à chacun son (ses) Brassens, Brel, Ferré etc. » ! « Évoluer » ou pas, est-ce vraiment la question ?

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