Bien sûr, Johnny m’habite ! Bien sûr, depuis les sixties il fait partie de mon existence, comme me l’a répété à satiété ma radio favorite, devenue hystérique un certain matin de décembre. Bien sûr, Johnny fait partie de ma vie, comme d’autres chanteurs et acteurs trépassés, comme les présidents de la République morts ou vivants, comme le Roi-Soleil, Édith Piaf, Bonaparte, Just Fontaine, et comme toute une palanquée de gens célèbres et autres statufiés ! Toutefois, n’oublions pas qu’être célèbre n’est pas un trait de leur personnalité, il n’y a pas de gens célèbres, il n’y a que des gens célébrés (c’est pas moi qui le dis, c’est Pierre Bourdieu). Et tout un chacun a bien le droit de ne participer ni à la célébration ni à la croyance en celui ou celle qu’on célèbre. D’ailleurs, sans la célébration que reste-t-il de nos idoles ?
Mais il y a célébration et, quoi qu’on en pense, comme on ne vit pas forcément en ermite, un certain nombre de gens, qui ne nous intéressent pas du tout, finissent par faire partie de nos existences sans qu’on les ait vraiment invités à venir s’y installer. Ils y entrent en force ou même à l’usure, comme Johnny. Ce sont des sortes de coucous qui squattent nos nids pour y pondre leurs œufs. C’est assez malpoli, mais il n’est cependant jamais trop tard pour faire une omelette.
Pierre Delorme
J’aime beaucoup cette image des coucous qui squattent. J’ai si souvent pesté quand la radio nous assénait pour la énième fois un « tube » comme on enfonce un suppositoire dans le rectum. En poussant…