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imagesUne chronique du chanteur Nilda Fernandez consacrée aux événements en cours en Catalogne a entraîné, sur son propre blog comme sur les réseaux sociaux, un échange parfois vif, qu’on aurait pu titrer « Réalisme ou utopie », après que l’artiste en question s’est montré hostile aux frontières et aux Etats-nations.
Le point de vue de Nilda Fernandez n’ayant pas été mis en musique, cela le fait entrer de plain-pied dans la rubrique politique, et par là même devenir sujet d’âpres discussions et même de polémique. Mettre en avant des revendications utopiques, car non réalisables à court ou moyen terme, comme l’effacement des frontières et la disparition des Etats, paraît relever au mieux du doux rêve sympathique mais quelque peu hors sol, au pire d’une posture de m’as-tu-vu qui n’engage à rien compte tenu de leur irréalisme supposé. Mais, curieusement, prendre sa guitare, ou son piano, et habiller de notes de musique un texte favorable à ces mêmes désirs pour en faire une chanson a de grandes chances de transformer le démagogique chroniqueur politique en artiste généreux et ami du genre humain.
Il suffit de constater le succès planétaire de la chanson Imagine, de John Lennon, pour s’en convaincre. Et pourtant, le monde sans pays ni religions que l’ex-Beatle voudrait voir naître semble assez semblable à celui qu’espère Nilda Fernandez, et sa venue aussi peu imminente. De même, il suffit que Léo Ferré, dans L’âge d’or, prophétise le temps où « tous nos discours finiront par je t’aime », et voilà que l’anarchiste barricadier comme le social-démocrate de centre-gauche, que le militantisme désuet-ringard du pacifiste intégral amuse, s’enthousiasment et s’émeuvent.
On pourrait bien sûr aligner ici les nombreux titres de nos amis Michel Bühler, Rémo Gary, Gilbert Laffaille, Bruno Ruiz et autres, qui dans certaines de leurs chansons espèrent ou dessinent un monde plus heureux que le nôtre. Il est curieux que les amateurs de chanson française de qualité, qui aiment et applaudissent ces chansons, redeviennent bien souvent des gens tristement sérieux ironisant ou regardant de haut les chroniques politiques qui disent pourtant, musique et rimes en moins, les mêmes espoirs généreux.

Floréal Melgar

 

5 commentaires »

  1. giacometti dit :

    Sept artistes ont récemment sur ce même site commenté et argumenté sur le concept de « chanson engagée ».
    Faut-il lire dans ce billet la position d’un huitième ?

  2. Cyril C.Sarot dit :

    C’est moins l’utopie qui gêne que les postures, le progressisme un peu mièvre et les propos souvent convenus qui en découlent. Ils devraient en effet gêner autant dans les chansons, mais le talent de l’auteur, plus adapté souvent à la chanson qu’à l’articulation et à l’expression d’une pensée, arrive parfois à les sauver (certaines chansons valent surtout par l’écriture, de beaux angles, de beaux vers et de belles images pouvant masquer la pauvreté ou la banalité du fond).
    Enfin je crois…

  3. Marco POMMIER dit :

    Combien de fois nous avons pu entendre « ce que tu racontes, c’est de la pure utopie ».
    Combien de conquis sociaux relevaient de l’utopie ?
    Certes, tout n’ a pas encore abouti… Mais il existe de bien beaux résultats tels que les congés payés, la sécurité sociale !
    Qu’en serait-il si nos anciens n’avaient pas bougé le petit pouce, dans la rue ?
    Est-ce que quelque part les conservateurs de tout poil ne nous anéantissent pas tout espoir, voire nous font revenir en arrière ?

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