Changement de nom et de formule pour « Vive la reprise ! », le concours organisé chaque année par le Centre de la chanson, devenu « Et la chanson va ! » et qui a renoncé cette fois aux sélections lyonnaise et toulousaine des éditions précédentes. Après une première écoute, sur enregistrements, de 226 candidats nationaux, une sélection de 80 d’entre eux fut d’abord établie, pour être ramenée ensuite à 16, puis 15 après le forfait de Marion Castillo & The Soul Siblings. Ces quinze heureux élus se disputaient donc en ce lundi 17 octobre, au Forum Léo-Ferré d’Ivry-sur-Seine, la possibilité de participer, le 14 novembre prochain à Paris, à la finale de ce tremplin.
Devant une salle copieusement remplie, les participants à cette demi-finale avaient à charge, pour convaincre un jury d’une quinzaine de membres, d’interpréter chacun deux chansons, une composition propre et une reprise choisie dans le répertoire de celui qui parraine cette édition 2016, Francis Cabrel.
On retrouvait là des candidats déjà présents au cours des deux dernières éditions, Lou Casa, Zoé Malouvet et Alysce, quelques inconnus (Bonbon Vaudou, Djahiz, Diplomic’, Julie et le vélo qui pleure, Yannick Walet, Piotki) et de jeunes artistes déjà vus ici ou là (Jeannne Rochette, Mathieu Barbances, Gervaise, Mèche, Clio ou Carole Masseport, dont le CD Blottie se vit décerner un coup de cœur de l’Académie Charles-Cros en 2006). On pourra encore une fois discuter d’une certaine inégalité dans l’expérience artistique, qui voit s’opposer de jeunes débutants à des artistes toujours jeunes eux aussi mais ayant déjà quelques années de scène derrière eux. La différence de comportement était ainsi criante entre le tout jeune Lyonnais Piotki, quelque peu emprunté, et la très à l’aise – un peu trop ? – Jeanne Rochette, ou l’expérimentée Carole Masseport, même si celle-ci s’est un peu pris les pieds dans les pédales à l’entame de sa seconde chanson. De même, l’extrême discrétion de Julie (et son vélo qui pleure), venue de Bordeaux, dessert-elle peut-être cette jeune artiste non dépourvue de qualités. On s’étonnera également que Lou Casa ait été dispensé de nous proposer sa composition personnelle, pour nous offrir à la place une reprise du Perlimpinpin de Barbara, nous privant ainsi de la possibilité d’estimer son talent d’auteur et de le comparer à celui des autres concurrents.
Au chapitre des reprises de chansons de Francis Cabrel, se détachaient, selon moi bien sûr, Bonbon Vaudou avec Cool papa cool, Zoé Malouvet et Le cygne blanc, Diplomic’ avec Saïd et Mohamed, Lou Casa et sa belle version de La robe et l’échelle, Mèche qui parvenait à rendre supportable le sirupeux Je l’aime à mourir, et surtout Carole Masseport et sa très belle interprétation de Hors saison, qui balayait instantanément la version que Clio, en délicatesse avec la mélodie d’origine et un peu étouffée par l’accompagnement très présent d’Etienne Champollion, avait proposée cinq minutes auparavant.
Côté composition personnelle, notons les bonnes prestations de Bonbon Vaudou, là encore, de Diplomic’, le seul à véritablement offrir un texte, aux accents rap, sortant des préoccupations toutes personnelles pour porter un regard sur le monde dans lequel il vit. L’original Mathieu Barbances et sa contrebasse semblait avoir convaincu, du moins le public, avec C’est ma bande, et ce sera l’une des petites surprises de la soirée de le voir écarté de la finale. Mèche s’en tirait également honorablement, ainsi que Clio, plus convaincante que dans Cabrel.
Dans l’ensemble, nous aurons vécu une soirée vocalement et musicalement de bon niveau, à laquelle il manquait toutefois un peu de cette émotion qui fait le sel de l’activité artistique.
A l’issue d’une délibération dont la longueur semble indiquer que les débats furent serrés au sein du jury, Roxane Joseph, directrice du Centre de la chanson, pouvait annoncer les noms des finalistes : Bonbon Vaudou, Diplomic’, Lou Casa, Jeanne Rochette, Mèche, Clio et Carole Masseport.
Ils seront donc sept à concourir pour le titre suprême, comme à la primaire de la droite. Mais l’ambiance devrait toutefois y être beaucoup plus chaleureuse, le propos bien plus agréable, et la participation féminine sur scène plus importante, et même majoritaire.
A suivre, donc…
Floréal Melgar
Floréal, je ne connais pas toutes et tous ces jeunes artistes, mais parmi cette génération je ressens un peu tes écrits présents les sujets un peu trop personnels parfois avec de l’émotion sans grandes doses.
Peut-être elles et ils vont évoluer à leur rythme.
C’est bien d’aller découvrir ! La plupart seront cette année programmés au centre culturel d’Isle (87).
J’aime bien ne pas rester sur une seule impression donc j’ y reviens.
Bien souvent, c’est une question d’univers de répertoire qui nous émotionne ou nous laisse plus indifférent.
En tout cas, j’apprécie tes commentaires nuancés et jamais cassants.
Salut
J’ai suivi et participé à cette aventure l’an dernier, dans le jury, et je n’ai pas été vraiment satisfait par la façon dont les délibérations se sont passées, c’est mon côté un chouïa pinailleur, mais bon, je ne dois pas être fait pour ce genre de débats à finalité sélective.