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J'hésite 3Il n’y a pas si longtemps nous nous posions la question de savoir s’il y avait, oui ou non, un trop grand nombre de chanteurs qui se lançaient sur le marché. René faisait alors remarquer que dire « trop » quand il s’agit de catégories humaines n’est jamais bienvenu. Il a bien raison. Cependant on peut quand même s’interroger sur les causes sociales de l’apparition d’un aussi grand nombre d’aspirants à une carrière dartiste chanson.
Celui qui, dans ses commentaires sur ce site, se fait appeler « un Partageux » met l’accent sur le fait que la société en crise ne propose rien de bien exaltant aux jeunes et qu’en conséquence, plutôt que rejoindre les files de Pôle emploi et/ou d’enchaîner des jobs précaires, bon nombre d’entre eux ne voient plus aucune raison de ne pas tenter l’aventure artistique et se faire plaisir. Puisque, diplômé ou non, on a de fortes chances de se retrouver dans la même galère quelques années plus tard, autant essayer de s’éclater à « faire l’artiste ». C’est une version du « foutu pour foutu, allons-y ! ». Il y a sans doute une part de vérité dans cette manière de voir les choses. Cependant, l’absence de perspectives professionnelle et sociale ne donne pas forcément du talent dans le domaine de la chanson.
A cette cause économique et sociale, nous en ajouterions cependant une autre, à notre avis nécessaire à l’explication du phénomène : les modèles proposés sont d’une telle indigence technique (vocale, gestuelle, musicale et prosodique) que tout un chacun peut se sentir capable « d’en faire autant »* pour peu qu’il en ressente l’envie, ou même le besoin. Nous insisterons ici surtout sur l’indigence vocale de bien des artistes « connus ». Jadis, l’absence de « voix » annihilait dans l’œuf toute velléité de devenir chanteur. Avec la réussite de gens comme Delerm, Daho, Benabar et consorts, aux voix on ne peut plus ordinaires, les barrières sont tombées, les ambitions peuvent se déclarer. Et les voix ordinaires, les voix « comme tout le monde », c’est pas ça qui manque !
Cette conjonction d’une situation économique ( il n’y pas de boulot) et d’une mutation artistique (les modèles sont médiocres) ne peut sans doute pas expliquer à elle seule cette inflation d’ambitions artistiques, mais elle peut permettre de commencer à la comprendre.

LTG

*Dans le domaine de la peinture, l’apparition de l’Art abstrait a suscité bien des vocations soudaines de « peintres » chez des gens que le minimum de technique nécessaire pour la peinture figurative aurait auparavant rebutés, c’est-à-dire qu’il ne leur serait même pas venu à l’idée de faire de la peinture. Pour la chanson c’est un peu la même chose.

5 commentaires »

  1. Un partageux dit :

    Indigence. Le mot lui même est sans doute inconnu des auteurs dont les textes nous font pleurer par la dite indigence…
    Pour la conjonction, on est entièrement d’accord. Même si, là aussi, je ne suis pas absolument certain que tous les zoteurs de chanson éprouvante comprennent bien ce mot.

  2. Danièle Sala dit :

    C’est bien vrai tout ça ! Mais en même temps, y’ a pas de mal à se faire du bien, et personne n’est obligé d’écouter ceux qu’ils jugent indigents !

  3. Un partageux dit :

    Quand même un regret à la lecture de cet « opus en trio » (moi aussi je peux causer comme un critique dans le journal). L’absence du gros Saez. (On ne peut pas dire le grand Saez.) Vous avez quelque chose contre les gros ?

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