Les lecteurs qui n’ont pas suivi le premier épisode de nos aventures au pays des selfies, cliqueront au pied de cette carte postale avant d’aller plus loin. Les autres auraient pu sauter directement à la phrase suivante, alors pour qu’ils n’aient pas l’impression d’avoir perdu leur temps en lisant celle-ci, nous leur dirons, avant d’y mettre un point, combien nous apprécions leur fidélité. Donc, un soir de la semaine dernière, Pierre et moi, profitant de la présence des deux plus grands de nos petits-fils, décidâmes de leur demander quelques conseils. Après que les deux monstres eurent bien ri en découvrant le résultat de notre premier effort, le plus charitable des deux nous indiqua la manœuvre à effectuer pour mettre un smartphone en position selfie. De retour sur la terrasse, nous mîmes sans tarder leur enseignement en pratique. L’image obtenue, la même qui illustre cette carte postale, ne nous satisfaisant pas entièrement, nous retournâmes au salon pour nous faire expliquer la fonction flash. C’est peu dire que nous fûmes reçus. Les deux geeks avaient entamé une partie de Splatoon sur Wii U. J’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche que le plus effronté me rabroua, sans même m’accorder un regard :
« Tu ne vois pas que mon inkling est en train de se transformer en calamar ? »
La phase de jeu paraissant délicate, Pierre et moi choisîmes la retraite muette. Le selfie parfait attendra. Et Floréal aussi, qui persiste dans une absence remarquée par certains d’entre vous dès notre première tentative. Mais il faut le comprendre : Floréal est le plus exposé d’entre nous. Pilier des petits lieux parisiens, confident des artistes, membre du prix Jacques-Douai, il ne peut se permettre la moindre faute de communication. Et puis il ne veut pas se fâcher avec ses propres petits-enfants. Car, l’aveu a beau coûter, il nous faut bien le faire : les nôtres, après avoir épuisé les joies de l’éclatement de ballons à grands coups de concentraceur, éclablaster, liquidateur junior et autres armes improbables, ont chipé le smartphone, juste pour voir… Alors qu’ils venaient de triompher de tant d’embûches virtuelles, nous les vîmes soudain morts de honte… Après s’être rapidement concertés, ils ont demandé à changer de prénoms. Histoire de ne pas être tentés de se retourner si nous les appelons dans la rue.
René Troin
Que j’aimerais recevoir une carte postale SELFIE de nos 3 gars. Patience, l’été n’est pas fini.