« C’est la chanson poétique, la chanson humaniste, on ne va pas dire “engagée”, c’est pas une chanson militante, c’est une chanson qui est responsable de ce qu’elle raconte, qui est responsable de son émotion, qui a envie de partager vraiment avec les gens, avec les gens qui partent et qui sont un peu plus intelligents qu’avant ! » (Jofroi, auteur-compositeur-interprète et directeur artistique du festival de Barjac, Chansons de parole).
Certains ont l’impression que la chanson de parole peut faire réfléchir, nous en avons déjà débattu sur le site, maintenant certain pense qu’elle rend plus intelligent (après l’avoir écoutée) …
Nous ne savons pas si Georges Brassens, Jacques Brel ou Léo Ferré pensaient rendre leur public plus intelligent, mais, même si c’était le cas, ils furent de tels maîtres de ce genre de chanson qu’on aurait pu leur pardonner facilement cet excès imbécile de prétention. Quant à aujourd’hui…
Bien sûr, les chansons « industrielles » destinées aux ados et pré-ados sont souvent très médiocres, aussi bien les paroles que la musique, on peut même les qualifier de « débiles » ou « crétinisantes », si on veut. Mais de là à conclure que, a contrario, la chanson plus ambitieuse, celle de parole, rend plus intelligent celui qui l’écoute, c’est peut-être aller un peu loin.
On sait bien que cette chanson-là est ignorée des médias, du « métier », que ses « pratiquants » sont condamnés à la précarité, et que son public vieillissant prend parfois des poses de « résistant », mais est-ce une raison pour lui prêter des vertus et une grandeur qu’elle n’a pas ?
Et si une chanson, peu importe le genre dans lequel on la range, ça n’était finalement qu’une petite chose aimable, plus ou moins sensible et touchante, « deux minutes trente-cinq de bonheur » ? Un truc pour passer un bon moment, se divertir, voire « se régaler », comme fait sans doute une bonne partie du public qui se rend pendant ses vacances au festival des Chansons de parole.
Cependant, à en croire l’attitude d’une autre partie de ce public à qui il arrive de se comporter en intégriste de la CFQ et de se montrer intransigeant jusqu’à la cruauté envers les artistes qui ne sont pas à son goût, la chanson de parole, « humaniste » et de « partage », rend peut-être plus intelligent, mais elle n’atteint pas toujours son but.
LTG
Salut
Il y a une catégorie qui semble avoir échappé aux amateurs de segmentation, c’est la chanson à voix, celle qui n’a pas d’autre ambition que de marianiser façon Luis, ou Pavarotti, celle qui peut chanter n’importe quoi pourvu que le bel canto soit au rendez-vous… Souvenir de mon grand-père ébéniste, qui chantait aussi bien Verdi, dans son atelier, que Mexico Mexicooooooo… et j’avoue, je chantais avec lui … façon Mariano… et le pire, c’est que je ne le regrette pas…
Norbert,
Votre souvenir m’en rappelle un autre. Quand j’étais petite, dans la ville où j’ai grandi, un voisin chantait fort bien, à pleine voix, « Rossignooool, rossignol de mes amours… ». Il faisait du vélo aussi et parfois les deux en même temps.
Mais bien sûr que c’est épatant de chanter à pleine voix et c’est bon pour la santé ! J’ai toujours aimé ça et j’aime encore…
Mais on n’écoute pas de la même façon selon le contenu, et surtout, par exemple, il est difficile de faire passer une émotion en chantant Le Temps des cerises de la même façon que Le Chanteur de Mexico ! Bon j’arrête là !… La chanson c’est comme la cuisine, pour se « régaler » il faut que les sauces soient adéquates !
Parfois crapauds, parfois rossignols, c’est selon.
Ecoutez Ferré, avant qu’il ne se caricature lui-même, quand il chantait doucement L’Etang chimérique ou Saint-Germain-des-Prés, façon mélodie française et pas bel canto, mais quand il le fallait, il chantait à pleins poumons Paname ou L’Affiche rouge… Même chose pour Trenet dans sa grande époque, et Brel aussi… et tout ça dans le même spectacle.
N’est-ce pas là ce qu’on appelle communément « faire des nuances » ? Encore faut-il avoir un registre vocal suffisamment étendu pour y parvenir.