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Chère jeunesse,
Je ne suis pas certain que tu lises assidûment Crapauds et Rossignols, ni même que tu connaisses son existence. Cependant, je voudrais te demander pardon. Pardon d’avoir écrit que je n’ai plus 98729_Boite_aux_lettresl’enthousiasme nécessaire pour écouter les nouvelles chansons des jeunes auteurs, au prétexte que dans ma propre jeunesse j’ai eu la chance d’être foudroyé par quelques chansons des trois « grands », Brel, Brassens et Ferré. Bien sûr, à cette même époque, nous étions, nous aussi, abreuvés d’âneries chantées, plus souvent qu’à notre tour. Mais voilà, on entendait aussi ces « cadors », ainsi que d’autres, tels Guy Béart ou Claude Nougaro, qu’on oublie à mon avis trop souvent quand on parle des « grands » de la chanson.
Aujourd’hui, s’il existe des jeunots du même tonneau, qui chantent « des chansons que ça vaut la peine », bien sûr on ne les entend pas à la radio et on ne les voit pas à la télévision. Heureusement, il y a la scène et surtout internet, où on peut les écouter. A moins qu’un génie reste caché dans sa chambre en attendant son heure, je crois qu’on peut vraiment écouter tout le monde, si on le souhaite. D’ailleurs j’en ai écouté beaucoup et en écoute encore beaucoup, même si, je l’avoue, je fatigue un peu.
C’est vrai, j’ai écrit « j’ai rejoint les rangs des “vieux cons” qui pensent que “c’était mieux avant” », mais c’était une blague, « avant » n’était pas mieux, on vieillit, c’est tout (comme le dit Mouloudji dans sa chanson, Tout fout le camp).
En fait, j’ai foi en l’avenir, pour les chansons, comme pour le reste. Si je garde un faible pour certaines chansons du passé, c’est qu’elles ont bercé ma jeunesse (et ma jeunesse s’est attardée longtemps). C’est vrai que je n’entends guère de chansons d’aujourd’hui, ou d’avant-hier, qui me semblent leur arriver à la cheville. Mais peu importe, je suis très difficile dans ce domaine et à chacun « ses » chansons. D’ailleurs pourquoi vouloir les comparer ? Ce qui compte, ce sont les émotions qu’elles procurent, et chacun est seul juge des siennes et de leur intensité.
Bien sûr, à partir d’un certain âge l’avenir rétrécit et on a davantage tendance à regarder en arrière, la nostalgie prend un peu le dessus. C’est normal, et ça donne parfois même de bien jolies chansons. Mais tu verras ça quand ça sera ton tour*, et rien ne presse. En attendant, chère jeunesse, continuons à aimer, composer, écrire, et être ému par des chansons. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.

Pierre Delorme

* « A un certain moment de la vie, si occupé qu’on soit de l’avenir, la pente à regarder en arrière est irrésistible. Notre adolescence, cette morte charmante, nous apparaît, et veut qu’on pense à elle. » C’est pas moi qui le dis, c’est Victor Hugo, dans son avant-propos à Chansons des rue et des bois.

Tout fout le camp (Mouloudji/Cris Carol)

1 commentaire »

  1. Chris Land dit :

    Alors dit comme ça, d’accord… ^_^

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