Sur mon Teppaz, j’ai écouté Il serait doux d’être aimé par vous par Herbert Léonard. La faute à Floréal… Quand j’ai découvert l’affiche de la 13e édition de La Chanson des livres, qui s’est tenue à Randan (Puy-de-Dôme) à la fin de mars dernier, je n’ai pas pu me retenir de faire savoir au plus intransigeant des trois gars mon enthousiasme devant un festival où se côtoyaient Pierre Barouh, Herbert Léonard, Anne Sylvestre,
Jean-Jacques Debout, Gilbert Laffaille… « Ah, non ! Pas Herbert Léonard ! » m’a-t-il répondu aussitôt (ce qui laisse à penser que j’avais dû envoyer mon message assez tard dans la matinée). Mon esprit de contradiction, cousin de la vis sans fin, ayant fait le reste, nous voici en juin 1967, au moment de la sortie du premier 45-tours d’un jeune Alsacien amateur de soul, terme que le rédacteur anonyme des notes de pochette conseille de prononcer « saule » – pourquoi se chêner ?
Entre adaptations (le premier titre de la face A, Si je ne t’aimais qu’un peu, est la version française du Look at Granny Run Run de Howard Tate) et originaux (ici, il signe seul Tu vis dans un enfer et Je retourne chez moi), Herbert Léonard fait dans la blue-eyed soul (la soul aux yeux bleus). Comme avant lui, aux États-Unis, les Righteous Brothers ou les Young Rascals ; au Royaume-Uni, Tom Jones ou Dusty Springfield ; et en France Noël Deschamps ou Ronnie Bird.
Le garçon est bien entouré. Long Chris, qui signe l’adaptation de How Sweet It Is (to be loved by you), colle au plus près du son mais aussi du sens des paroles originales*.
Côté musiciens, c’est comme qui dirait « with a little help from his friends ». On trouve Alain Hattat et Bob Mathieu, des Lionceaux, groupe dont Herbert a été l’un des guitaristes en 1965-66, et plusieurs membres de l’orchestre de scène d’Antoine dont Herbert fait partie au moment de l’enregistrement : Jean-Pierre « Chinois » Pourret (basse) et Pierre Fanen (guitare). Ce dernier, ex-Kelton et futur Zoo, accompagnera quelque années plus tard Léo Ferré puis Joan Pau Verdier… Voici que nous volons loin, soudain, d’Herbert Léonard que nous laissons à Pour le plaisir, Puissance et Gloire, Amoureux fous et autres vaine scies. Et aux avions aussi**.
René Troin
* Pour le titre/refrain (« How sweet it is to be loved by you »), il frôle le mot-à-mot (« Il serait doux d’être aimé par vous »). Pour les reste, il n’est jamais très loin : « I needed the shelter of someone’s arms and there you were / I needed someone to understand my ups and downs / and there you were / With sweet love and devotion / deeply touching my emotion […] » devient « Je voudrais quelqu’un dans mes bras, quand je vous vois / Je voudrais quelqu’un pour comprendre ma peur, quand je vous vois / Sans amour ni attention, / Vous avez pris mon émotion […] ».
** Herbert Léonard a signé plusieurs ouvrages très pointus sur les avions de guerre.
Herbert Léonard, Il serait doux d’être aimé par vous (paroles et musique originales : Edward Holland, Lamont Dozier et Brian Holland – paroles françaises : Long Chris), 1967.