Sur mon Teppaz, j’ai écouté La Gazetta de San Pedro par Henri Génès. Le chanteur fantaisiste a beaucoup donné dans l’exotisme proche (Le Casino de Plougastel), moyen (La Pizzeria de Napoli) ou lointain (Au Texas) et fait montre, dans ce genre suranné, d’un tropisme particulier pour l’Amérique du Sud. Le Facteur de Santa-Cruz, Los Banditos de la Sierra pourraient en témoigner, si les seconds n’étaient pas trop occupés à attaquer le premier le jour de sa tournée où sa sacoche est bourrée de l’argent des mandats. De quoi faire du mouron pour le drôle d’oiseau à la tête de la rédaction de La Gazetta de San Pedro*. Henri Genès prête à ce personnage sa faconde de comédien**. L’histoire avance de parties parlées en passages chantés nourris d’allusions à des rubriques oubliées des moins de soixante ans (« Dans quoi, ça paraîtra ? Mais dans “Los Potinos de la commera ! ») ou à des aubaines toujours d’actualité (« Un beau carnage / Ça fait monter le tirage »). Bien sûr, l’humour est vieillot : « Dès qu’un crim’ nous est signalé / Évidemment il faut y aller / Remarquez que si c’est trop loin / Je téléphone à l’assassin / Il me donne tous les détails / À moins que ce soit un’ canaille / Heureusement, la plupart du temps / C’est un ami ou un parent. » Quoique… Remplacez « crim’ nous » par « scandale », « à l’assassin » par « au député », « À moins que ce soit un’ » par « Même si c’est un’ bell’ ». Ça prend tout de suite un coup de très jeune. Mais c’est moins rigolo.
René Troin
* Ce titre mêle une sorte d’italien à l’espagnol. Gazette se dit gaceta en espagnol, donc en Amérique du Sud. Et en italien c’est gazzetta, avec deux z. (Note de Floréal)
** Il a multiplié les seconds et troisièmes rôles au cinéma.
Henri Génès, La Gazetta de San Pedro (paroles : Noël Roux et Henri Génès – musique : Noël Roux), 1958.