Sur mon Teppaz, j’ai écouté Le Soleil sans moi par Chantal May. L’un des petits plaisirs inhérents à cette rubrique, c’est d’extraire de mes étagères un 45-tours d’un ou d’une interprète oublié(e) et de partir en quête de renseignements. Pour Chantal May, comme souvent, j’ai d’abord ouvert le site Encyclopédisque. La page consacrée à la chanteuse n’affiche que deux disques gravés pour deux petites marques : le premier chez Pat, en 1963, le second chez Joker, non daté. Voilà bien le genre de détail qui, lorsqu’il vient à manquer, me contrarie en même temps qu’il m’incite à chercher plus loin. Coup de chance – parce que c’est loin d’être toujours le cas –, Encyclopédisque mentionne le patronyme de l’interprète : Chantal Labbé. Ces deux mots associés à May dans mon moteur de recherche me conduisent à une fiche du site Copains d’avant, celle de « Chantal Labbé (May) » qui a fréquenté l’Ecole du spectacle, à Paris, de 1962 à 1965. J’apprends en même temps qu’elle est née en 1949. Comme au dos de son second 45-tours, il est écrit que « Chantal May n’a que… quinze ans », la question de datation est résolue.
Je peux donc passer à la chanson. Le Soleil sans moi est adapté du Saturday Sunshine de Hal David et Burt Bacharach. Le texte original s’ouvre sur ces vers optimistes : « La pluie du vendredi amène toujours / Le soleil du samedi*. » Et persiste au refrain : « […] quand le soleil se lèvera / Réveille-toi / Je serai là, tu seras mienne / Nous ne nous séparerons jamais. » Dans la version française, le jour change: « C’est dimanche / Les gens rient / Ils vont voir / Le soleil sans moi. » Le cœur n’y est plus : « Deux par deux / Filles et garçons / S’en vont / Pour eux, c’est un beau jour / Moi je tourne en rond / Mon amour est si loin. » Et les chœurs donnent le coup de grâce : « Ton amour est loin, tu n’as plus rien. » Des filles et des garçons qui vont deux par deux, une chanteuse solitaire… Ne serions-nous pas là en présence d’un cas typique de syndrome dit « de Françoise Hardy » ?
René Troin
* « Friday rain always bring / Saturday sunshine. »
** « […] when the sun begins to shine / Be sure to wake up / I’ll be there to make you mine / We’ll never break up. »
Chantal May, Le Soleil sans moi (paroles originales : Hal David – musique : Burt Bacharach – paroles françaises : Hubert Ithier), 1964.
Décidément, cher René, nous avons bien des points communs. Moi le fan des Bertin, Vasca et cie j’ai aussi cette marotte de partir à la recherche de tous ces obscurs et de leur devenir.
Parfois nous avons bien des surprises….
Merci, André. J’appelle cela ma « passion dérisoire ». Et je défends l’idée que si nous étions nombreux à en avoir une (collectionner les photos d’inconnu(e)s oubliées dans des livres et vieux cahiers chinés, les films en Super-8, les recettes de grand-mère écrites en pleins et déliés, les buvards, les boîtes de produits alimentaires disparus des rayons…), le monde se porterait beaucoup mieux.