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CaptureL’âge venant, le public de la chanson de qualité (CFQ) se raréfie. Au point que certains amateurs s’inquiètent de la disparition possible d’un genre qu’ils pensaient éternel. Ils ont bien raison de s’inquiéter. L’apparition régulière de jeunes artistes sur la scène CFQ n’est qu’un trompe-l’œil qui ne pourra pas faire illusion bien longtemps. Sans public, ces artistes se raréfieront et disparaîtront aussi.
Les « jeunes » se déplacent volontiers pour aller au concert, mais ils sont sensibles à d’autres climats musicaux et à d’autres codes de spectacle. Ils se reconnaissent davantage dans les chansons d’artistes qui vivent dans le même temps et le même « ton » qu’eux, qui partagent les mêmes préoccupations.
Plus étonnant est l’attachement de certains jeunes auteurs-compositeurs actuels à des formes d’expression qui étaient en vigueur à l’époque de la jeunesse de leurs parents ou même de leurs grands-parents. C’est d’ailleurs à ces générations qu’appartient majoritairement le public qui les suit aujourd’hui. Il semble difficile de bâtir une carrière sur des bases aussi fragiles dans le temps. De quoi s’inquiéter aussi.
Jacques Brel, un connaisseur, disait qu’un chanteur était suivi par une génération (son public) et laissé de côté par la suivante. Bien sûr, dans son cas c’est exagéré, comme dans pas mal d’autres cas, mais dans toute exagération il y a une part de vérité. Et si l’on veut avoir une chance de séduire plusieurs générations à la suite, encore faut-il commencer par séduire la sienne. C’est ce qu’ont compris, en leur temps, des artistes comme Bernard Lavilliers ou, à une autre échelle, Bob Dylan. Ils ont, au début de leur carrière, changé radicalement de style musical afin d’être en phase avec leur époque et sans doute avec eux-mêmes. On sait ce qu’il advint.

Pierre Delorme 

4 commentaires »

  1. Norbert Gabriel dit :

    Salut, c’est assez proche de la quadrature du cercle, comme on dit… Soit on fait de l’ancien et on est décalé par rapport à sa génération, soit on fait ce qui est dans l’air du temps avec un possible effet de mode, éphémère… Bernard Joyet avait un point de vue intéressant, sur une partie du public « jeune » (vu de mon âge, il y a une très forte majorité de jeunes…) : il avait fait un coplateau, avec Aldebert, et le public, bière à la main, était réactif aux chansons connues, et atone aux nouvelles chansons d’Aldebert. Il venait « écouter » ce qu’il connaissait, mais n’écoutait plus les nouveautés… Je ne sais pas s’il faut en tirer une règle générale, mais je constate assez souvent que les salles avec bar intégré génèrent ces comportements distraits, comme si les chansons étaient là pour faire un décor de fond au verre qu’on a à la main. Et qu’on va renouveler pendant que quelqu’un en scène… Et là, je suis le vieux con atrabilaire qui a envie de fracasser quelque chose sur l’impoli… Mais je me retiens. Et j’évite ces salles mixtes. Ça déborde un peu du sujet, mais bon…

    • LTG dit :

      Lorsqu’on fait quelque chose dans l’air de « son » temps, il se peut que cela soit encore dans l’air des temps qui vont suivre, pendant quelques générations. Tout ce qui semble « à la mode », n’est pas forcément éphémère. Certains « vieux » dans les années soixante ne voyaient rien d’autre dans les Beatles, par exemple, qu’un effet de mode. L’avenir leur a donné tort. Comme il donnera tort à bien des vieux d’aujourd’hui qui ronchonnent devant ce que les jeunes écoutent la bière à la main. Chaque époque laisse sa trace et ses artistes novateurs. En revanche, ce qui est ancien l’est bel et bien. Il existe parfois des effets de mode « rétro », mais, pour le coup, ils sont toujours éphémères. Pierre Delorme

  2. Leroux dit :

    Je pense à Serge Gainsbourg également.

  3. Manon Gagnon dit :

    Pierre, ces lignes résument très bien la réalité et portent sur mes réflexions depuis quelques mois. Je travaille d’arrache-pied depuis 3 années pour cette CFQ mais même auprès de cette CFQ, je fais face à une ère faisant preuve d’un grand « individualisme » (j’utilise les guillemets afin de « tempérer » mes mots qui ne s’expriment pas avec autant d’adresse que les vôtres.)
    Dans cette ère d’hyper consommation, la majorité de mon peuple cite avec peine les grands noms de la Culture et de l’Histoire… mais cite avec facilité les grandes marques de consommation de toutes sortes.
    Cette majorité semble vouer son existence au paraître, non plus à l’être. Nous trouvons avec peine des concerts de CFQ, et ces résistants ne gagnent plus que 10 à 40 personnes.
    Ce n’est guère une question de budget malheureusement. Les gens paient jusqu’à 300 dollars pour des artistes américains ou de la chanson mièvre. Enquêtant auprès des jeunes de ma grande famille durant la période des rassemblements familiaux des fêtes, leurs réponses se résument à être une question de sensations éphémères recherchées, de « poudre aux yeux », du consommer-jeter, de paresse intellectuelle.
    Les concerts de grande envergure sont gérés par Quebecor, entreprise gérant la majorité des médias de masse, des télécommunications… et fondateurs de La Voix (The Voice en France), Star Academy, etc. Des salles, des amphithéâtres (comme construit actuellement notre maire de Québec au coût de 500 millions) accueilleront plus de 20 000 personnes pour des concerts excessivement dispendieux « Amaricains » ou « Canayens anglophones » ou de la qualité de Star Académiciens.
    Cette ère est-elle différente des autres ? J’ai participé à un cours il y a longtemps, un travail de réflexion nous était demandé à la lecture de ce livre : L’ère du vide : essais sur l’individualisme contemporain (13 avril 1989) de Gilles Lipovetsky.
    Je ne vous cite que quelques grandes lignes ;
    « Cette culture individualiste se caractérise par un certain nombre de traits fondamentaux : l’expansion de l’autonomie subjective, le culte hédoniste du présent, le culte du corps, le culte psy et relationnel, l’effondrement des grandes idéologies de l’Histoire. Il faudrait ajouter à cela, plus récemment, le culte de la consommation et du marché. C’est cette conjonction de traits, qui autorise à parler d’un « nouvel individualisme ».
    Les démocraties contemporaines, marquées par le dépérissement des grands projets collectifs, seraient entrées dans l’ère du vide…. Chacun peut désormais se consacrer tout entier à lui-même et mener une vie « à la carte ». Gilles Lipovetsky, évitant l’écueil de la déploration, analyse sans les juger les formes actuelles de l’individualisme. Sans ignorer les effets pervers de la désacralisation des valeurs traditionnelles de la politique et de la morale, le sociologue décrit l’avènement d’une nouvelle forme d’hédonisme désenchanté. Le culte de la légèreté et de l’indifférence… Avec
    L’Ère du vide, Lipovetsky offre au lecteur une réflexion stimulante sur les sociétés postmodernes, le plaisir de la lecture en plus. » Paul Klein
    Nous vivons un nouvel air du temps. À la révolte des années d’expansion succèdent aujourd’hui l’indifférence et le narcissisme ; à la logique de l’uniformisation succèdent la déstandardisation et la séduction ; à la solennité idéologique succède la généralisation de la forme humoristique. Nouvel âge démocratique se traduisant par la réduction de la violence et l’épuisement de ce qui fait depuis un siècle figure d’avant-garde. Avec ce nouveau stade historique de l’individualisme, les sociétés démocratiques avancées sont situées dans l’âge « postmoderne ».
    Comme le répétait mon père : « La culture québécoise semble être habituée à attendre le poisson (les subventions) offertes par les gouvernements et non d’apprendre à pêcher… » Par ma nouvelle association, je désire vivre encore de cette liberté dissociée des gouvernements… et malgré mon réalisme, je demeure confiante en cette CFQ.
    Si tous les intervenants de cette CFQ ne bougent pas et n’apprennent pas à pêcher, le poisson offert sera empoisonné et nos lacs seront vides. Cette Culture pourra-t-elle vivre sans subventions ?
    Voilà, cher Pierre, la petite crise matinale d’une fille de pêcheur, passionnée et résistante de cette CFQ… qui ne baissera pas les bras !
    Désolé d’avoir abusé des mots mais vous avez appuyé là où ça fait mal !
    Au plaisir de vous lire. Votre blog est une nourriture riche en oméga 3 🙂

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