Sur mon Teppaz, j’ai écouté Je ne te dis pas par Jean-Jacques Debout. Nous sommes en 1959. Claude Nougaro vient de graver, sous étiquette Président, ses premiers titres dont la version originelle d’Il y avait une ville. Mais le succès se fait attendre. Alors, le Toulousain continue, comme il le fait depuis 1955, de placer ses textes auprès d’interprètes aussi divers que Philippe Clay, Colette Renard, Marcel Amont, Lucienne Delyle ou Richard Anthony.
Jean-Jacques Debout, on l’oublie souvent – quand on ne l’ignore pas ! – a connu jusqu’en 1962, avant de rejoindre la bande à Johnny, une première carrière sur la rive gauche de la chanson. En 1959, Maurice Vidalin et Jacques Datin, écrivent sur mesure, d’après les souvenirs de pensionnat de leur jeune interprète, Les Boutons dorés. Ensemble*, ils fourniront l’essentiel de son premier répertoire à Jean-Jacques qui chantera aussi, durant cette période, Henri Salvador, Mireille, Francis Lemarque… et, vous vous en doutiez un peu, Claude Nougaro. Ce dernier cosigne les paroles de Je ne te dis pas avec Roland Valade. « […] Je ne te dis pas / Car si je te dis / Ces deux mots-là / Ne traduiraient pas / Tout l’amour que j’ai pour toi / Quand les cœurs chavirent / L’amour se respire […]. » C’est charmant, mais ça vous a quand même un petit parfum d’entre-deux-guerres, encore accentué par l’air de valse lente composé par Jean-Michel Arnaud. L’aurait fallu être sorcier pour voir Armstrong percer sous tant d’amour sucré.
Ce « Teppaz et SLC » est adressé aux deux animateurs d’On est là pour voir le défilé, sur Radio G! Angers. Pascal Laborie et Michel Boutet ont choisi de dédier l’année en cours à Claude Nougaro**. Souvent, juste après l’indicatif, Michel Boutet livre une chronique bien tournée sur la vie comme elle (ne) va (pas)***, avec toujours la même chute que, faute d’en trouver une pour la mienne, je vais lui emprunter, vu qu’elle tombe bien et qu’aujourd’hui on ne donne rien sans rien prendre en retour – selon la saine doctrine du « gagnant-gagnant ». « Et c’est ainsi qu’Allah est grand et que Jean-Jacques est debout. »
René Troin
* A l’exception de Gosse de Paris que Maurice Vidalin cosigne avec Charles Aznavour.
** Un de ses titres ouvre chacune des émissions diffusées un mercredi sur deux de 17 heures à 18 heures.
*** Choisissez ce qui vous va.
Jean-Jacques Debout, Je ne te dis pas (paroles : Roland Valade et Claude Nougaro – musique : Jean-Michel Arnaud), 1959.
C’est l’orchestration qui plombe cette chanson, qui est effectivement charmante tant sur le plan de la mélodie que des paroles. Elle irait tout à fait bien dans une comédie musicale. Orchestrée comme Rimes ou comme Vieux Vienne et chantée de façon moins lisse, elle deviendrait à coup sûr « nougaresque » !
C’est daté mais c’est aussi le reflet d’une époque et, à ce titre, c’est émouvant.
C’est ça aussi, le miracle de la chanson.