Roger Riffard avait la voix voilée, comme on dirait d’une roue. Il a roulé sa bosse dans tous les coins de la culture : écrivain fugace, voire mythique (ses deux romans sont introuvables) ; comédien éclectique (il a promené sa silhouette au cinéma chez Claude Zidi comme chez Bertrand Blier, et joué au théâtre chez Marcel Maréchal) ; et auteur-compositeur-interprète, bien sûr. Michèle Arnaud, Mouloudji, Suzanne Gabriello, Jacques Yvart… l’ont chanté. L’œuvre enregistrée par ses soins, entre 1959 et 1963, est bien modeste. Et pourtant, elle reste. Au début de cette année, le Train Théâtre, à Portes-les-Valence, a affiché Gare à Riffard !, un spectacle interprété par Anne Sylvestre, Flavia, Zaza Fournier, Hervé Peyrard et Gérard Morel. En même temps la Toile accueillait un site exhaustif où l’on découvre d’autres dimensions de Roger Riffard, et notamment le chroniqueur du Monde libertaire. Un spectacle, un site… manque un disque (le CD Universal Music/ULM, publié en 2000, est « actuellement indisponible », comme on écrit aujourd’hui pour ne pas dire « épuisé »). On trouvera que c’est dommage, même si Roger Riffard a poussé le souci de ne pas faire parler de lui jusqu’à mourir le 29 octobre 1981, quelques heures avant son ami Georges Brassens. Oui, c’est dommage, car Riffard, « c’était bien », comme dirait Bourvil, un autre comédien-chanteur à la voix bien timbrée. RT