Either this is a new layout, or it has just been Reset. You can start building this layout by adding/removing modules from/to it.

BretellsSur mon Teppaz, j’ai écouté Marchand de melons par les Bretell’s. Avant de passer du côté rigolo de l’écorce, rappelons que la pièce d’origine, Watermelon Man, est un classique du jazz, composé en 1962 par Herbie Hancock. Même si, de son propre aveu, le joueur de piano et autres claviers avait une idée de succès derrière la tête, ce n’est pas sa version be-bop (avec Freddie Hubbard, Dexter Gordon, Butch Warren et Billy Higgins) qui triomphera – trop longue pour passer à la radio, peut-être… C’est celle de Mongo Santamaria qui, un an plus tard, mariera l’entêtant riff de piano aux percussions cubaines et réduira la sauce à 3’16, après l’avoir saupoudrée d’un embryon de paroles : les deux mots du titre. Jon Hendricks les complétera. Fidèle aux souvenirs d’Herbie Hancock, qui se « rappelai[t] le cri du marchand de pastèques ambulant de son quartier de Chicago* », il écrira : « Hey – Watermelon Man / […] / Hot and bothered need a little cooling / When I hear your call I start to drooling […]**. » Les amateurs de pop-jazz à l’anglaise se souviennent de la version de Manfred Mann. Chez nous, par la grâce de Pierre Cour, le héros de la chanson est donc un marchand de melons. Profitant de l’accent de Lino Coppolino et d’Alberto Esposito, les deux chanteurs des Bretell’s, le parolier a ancré son histoire dans la région historique de production de cette cucurbitacée : « Oh marchand de melons / Qui veut mes bons melons ? / C’est pas des pastèques c’est des melons / Voyez l’étiquette de Cavaillon […]. » Le nom du groupe ne fait pas très sérieux, les paroles ne sont pas faites pour engendrer la mélancolie (il est plus que temps de réactiver ce cliché que les correspondants des journaux régionaux ont tendance à négliger), on n’en est pas moins en présence d’une production au petit poil, signée Henri Salvador – même s’il n’est pas crédité, on reconnaîtra à la première écoute le rire inimitable du patron. C’est bon comme un petit plaisir coupable. Au point qu’on pourra se laisser tenter par une deuxième tranche.

René Troin

* Gene Santoro, Highway 61 Revisited, Oxford University Press, 2004 – cité par Wikipédia.
** « Hey, marchand de pastèques […] / Dans l’état où je suis, j’ai besoin d’un coup de frais / Quand j’entends ton appel, je commence à saliver […]. »

Les Bretell’s, Marchand de melons (musique : Herbie Hancock – paroles originales : Jon Hendricks – paroles françaises : Pierre Cour), 1963.

Soumettre un commentaire »




Commentaires récents

rubriques

Abonnez-vous à notre newsletter