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Foule

Photo : D. R.

Et si on réhabilitait la notion d’amateurisme? Pourquoi la pratique de la chanson devrait-elle être forcément professionnelle? Le nombre de postulants au « métier » est devenu bien trop important pour qu’il puisse y avoir de la place pour tout le monde. Dans une société donnée, et à un moment donné, il ne peut y avoir qu’un certain nombre d’artistes dont c’est le métier.
Que des jeunes gens essaient de se lancer dans une carrière, c’est légitime, tout le monde a le droit de rêver et de tenter sa chance, mais s’obstiner, même quand ça ne marche pas, après plusieurs années de pratique, est-ce bien raisonnable?
Certains se voient en « artiste maudit » dans l’attente d’une reconnaissance future, la plupart s’imaginent en résistants de la « belle chanson que les médias ignorent ».
Mais tous ces chanteurs ne seraient-ils pas plus heureux si, débarrassés des problèmes matériels grâce à un travail salarié, ils pouvaient s’exprimer en chantant régulièrement dans les petits lieux divers consacrés à la chanson, voire chez l’habitant ? C’est ce qu’ils font déjà aujourd’hui d’ailleurs, donc ça ne changerait pas grand-chose et cela leur éviterait les mille contorsions nécessaires pour obtenir, et ensuite conserver, un hypothétique statut d’intermittent qui ne cesse de leur échapper.
Avoir un travail régulier n’empêche pas d’écrire et composer des chansons si on en a l’envie, ni de concevoir et réaliser un tour de chant.
Bien sûr, c’est un pas difficile à franchir sur le plan « moral » (que beaucoup franchissent par la force des choses), c’est accepter une forme d’échec de ses rêves d’adolescent. Il faut apprivoiser l’idée de n’être pas reconnu en tant que « pro », mais après tout… est-ce si grave ? Lorsqu’on voit le niveau et la qualité de ce que proposent certains considérés comme « du métier » (considération qui ne dure pas forcément longtemps), ça peut même devenir rassurant d’être vu comme un amateur.

LTG

12 commentaires »

  1. delorme aussi dit :

    C’est la même chose pour les écrivains. N’ont, paraît-il, droit à ce titre que ceux qui en vivent (ça ne doit pas faire grand-monde). Nous sommes nombreux à revendiquer le statut d’écrivain amateur. Si un jour, mais il se fait bien tard, on me permettait de changer de statut, bien sûr, je ne pleurerais pas…
    Pour les chanteurs, je suis entièrement d’accord avec le crapaud ou le rossignol qui a rédigé le billet. A quelques exceptions près, c’est toujours auprès d’amateurs que l’on vit des moments de chanson et de partage intenses.

  2. Gérard Mayen dit :

    Je confirme que les amateurs ont soif de chansons. Depuis cinq ans maintenant, nous animons des ateliers d’écriture de chansons (Motszique) en France et à l’étranger, et ce avec tous les publics. La soif d’écrire (bien) et d’interpréter (même devant un cercle d’intimes) ses propres œuvres est enthousiasmante pour l’équipe qui mène les ateliers et offre aux auteurs-chanteurs une sensation de plaisir et de partage. De là à passer le cap d’en faire une pratique régulière, voire un métier, il y a un pas immense, réussi cependant par quelques-uns.

  3. Chris Land dit :

    Moi moi : pas d’ac’ !
    Et, sur le sujet, ça devient une habitude…
    Si je comprends bien (ce qui m’est difficile, il faut l’avouer), il devrait y avoir des « petits » chanteurs amateurs (bénévoles ?) destinés aux « petits lieux »… La perspective est alléchante pour ces artistes rameurs au long cours, et les VRAIES salles dédiées aux VRAIS artistes qui auraient droit au statut d’intermittent, filière tellement fréquentée (trop) qu’elle serait une voie de garage… forcément !
    Les vraies salles aux vrais chanteurs ! Un bon slogan de manif !
    Mais, au bout du bout, qui décide ?

  4. Chris Land dit :

    J’en rajoute une p’tite louche (c’est le sujet qui veut ça !), mais il y a au moins une trentaine d’années, le PCF (aïe, pas sur la tête !), par une intervention de Jacques Ralite, considérait que devrait pouvoir être reconnue comme artiste toute personne qui se considérerait comme telle ! La belle leçon de liberté qui devrait continuer à servir d’exemple…

    • C’est bien (même si ça n’est pas toujours très modeste) que certains se considèrent comme artistes. Le problème, en matière de chanson qui nous occupe ici, c’est qu’il serait sans doute préférable pour eux que le public ait le même point de vue.

  5. Chris Land dit :

    … et on en revient au même sujet.
    Un public adulte et choisissant ? Pas question !
    Il faut qu’on lui mâche ce à quoi il convient qu’il ait accès. Et on retrouve partout (à quelques exceptions près) ce qu’il est convenu que tout le monde doit aimer.
    Aux autres la « liberté » de chanter mais surtout… en amateur, surtout gratuitement ! Faites place, la place aux grands, aux vrais !
    Les chanteurs apprécieront !
    Il ne faut surtout pas mélanger petits torchons et grandes serviettes…
    Public, à toi de jouer… ! Tu es invité à éliminer comme on te l’a appris à le faire à la télé. C’est jouissif et te donne le sentiment d’avoir de l’importance, du pouvoir. Mais sur quels critères et selon quelles règles, définies par qui ?
    Messieurs, Mesdames les artistes chanteurs-teuses, musiciens-ciennes, re-con-ver-tis-sez-vous ! Apprenez donc « un vrai métier », comme le chante si bien Manu Lods ! Et si vos collègues de bureau vous y encouragent : « Vous chantiez, j’en suis fort aise, eh bien dansez maintenant ! »

  6. serge leroux dit :

    Ah que j’aime ces joutes épistolaires entre le coco et l’anar. A moi Jacques Ralite, à moi Maurice Joyeux ! Le problème, c’est que je suis le plus souvent d’accord avec le dernier qui écrit et donc ça change tout le temps !

  7. Akani dit :

    J’ai lu avec intérêt le billet et les commentaires. J’ai écouté l’album de Manu Lods et parcouru son site web. J’ai découvert l’existence des ateliers d’écriture avec Claude Lemesle. J’ai appris que ACP La Manufacture Chanson était l’école de la chanson, et dans leur foire aux questions, que des stagiaires pouvaient apporter leur gaphophone en cours de chant. J’ai pleuré sur la chanson Café bouillu de Manu Lods. Et puis j’ai écrit ce commentaire, en me disant que j’appréciais bien la lecture de « Crapauds et rossignols », surtout lorsqu’ils lancent des faux débats et posent de vraies questions… trois points de suspension.

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