C’est fait. Le Vagabond d’automne a posé ses
valises pour deux soirées au Théâtre de l’Iris à Villeurbanne. Les chansons et la prose des souvenirs de Jean-Roger Caussimon ont été interprétées par des comédiens et chanteurs de la jeune génération, qui ont conçu et mis en scène eux-mêmes ce spectacle. Ils se sont approprié, avec leur sensibilité d’aujourd’hui, ces textes évoquant aussi bien l’enfance de l’artiste (années vingt) que son âge mûr (années soixante-dix), l’exode, la Seconde Guerre mondiale, et sa double vie de comédien et de chanteur. Un jeune homme jouait le personnage de Caussimon lui-même. Le reste de la distribution était réparti entre quatre jeunes femmes, qui incarnaient tour à tour l’épouse, la petite fille des première amours, la militante au cœur pur, et d’autres figures féminines évoquées dans ces souvenirs.
Il leur arrivait parfois d’endosser en passant le rôle d’un homme ou celui d’un jeune garçon, ou encore celui d’une seule et même femme, mais à quatre voix.
Le spectacle a été joué sans amplification, comme au théâtre. Ce qui évidemment
a limité les musiciens (un accordéoniste et un guitariste) dans leur jeu et leur
a demandé une attention extrême aux moindres nuances des interprètes, une vigilance de tous les instants, mais le public semblait ravi de pouvoir entendre, pour une fois, des chansons sans l’intermédiaire d’une sono, dans l’intimité du son direct. D’après les nombreux commentaires qui ont suivi, on peut se demander d’ailleurs si le recours systématique à la sonorisation, même dans les lieux les plus exigus où se réfugie aujourd’hui souvent la chanson, ne va pas finir par lasser le public. Ici, la salle du théâtre n’est pas immense, mais de dimensions convenables (250 places, c’est un ancien cinéma) et tout le monde a très bien entendu les chansons malgré l’absence d’amplification.
Ce son « direct », nature, contribue beaucoup à la fluidité entre les passages joués et les passages chantés, fluidité qui apporte de la légèreté aux enchaînements.
L’expérience enrichissante de la confrontation des textes de Jean-Roger Caussimon, et de certaines de ses chansons (pas les plus connues), avec ces
jeunes comédiennes et ce comédien devrait avoir une suite à la rentrée, salle
Antoine-Duhamel, toujours à Villeurbanne, à l’École nationale de musique.
Et peut-être ailleurs, si les dieux du spectacle veulent bien prêter vie à celui-ci. Mais comme chacun sait, ils sont fort capricieux.
Pierre Delorme
J’ai toujours beaucoup apprécié les chansons du sieur Caussimon… Grand talent méconnu aujourd’hui par bon nombre de personnes, et pourtant c’était un maître et un orfèvre en la matière.
Par exemple, écoutez Les Cœurs purs. Un petit bijou.