Matthieu Côte était un jeune homme très talentueux qui avait décidé de se lancer dans la chanson. Ce en quoi il avait bien raison, car il suffisait d’aller l’écouter chanter pour comprendre qu’il était parfaitement à sa place sur une scène, derrière un micro, à l’endroit même où s’égarent tant de jeunes gens qui n’ont pour eux que la seule ambition de « faire ce métier ».
Matthieu Côte chanteur, auteur-compositeur et interprète, cela relevait de l’évidence. Il avait pour lui la « voix », la plume et le geste. L’avenir, toujours hypothétique dans ce genre d’activité, semblait même vouloir lui sourire. Le destin, lui, n’a pas souri, et Matthieu est mort subitement en septembre 2008, laissant en plan l’avenir, ses chansons, ses amis, un CD et ses premiers fans.
La douleur de sa disparition soudaine est maintenant moins vive. Il a rejoint le rang des doux souvenirs de jeunesse de ses copains, qui ont commencé à vieillir, sans lui. On pourrait bien sûr oublier peu à peu ce jeune homme « prometteur », comme on dit habituellement. Cependant au-delà de la promesse, finalement assez banale (nombreux sont les jeunes gens prometteurs qui tiendront ou non leurs promesses), il se passe avec Matthieu une chose suffisamment inhabituelle pour qu’on la signale : les chansons qu’il a écrites n’ont pas disparu en même temps que lui. Ce qui est pourtant d’ordinaire le lot de celles des artistes encore peu connus qui s’en vont à l’aube d’une éventuelle carrière. Certaines chansons écrites par Matthieu sont régulièrement reprises par des artistes de sa génération (Carmen Maria Vega, Evelyne Gallet) qui l’ont connu, mais aussi, et c’est plus rare, par de plus jeunes qui le découvrent sur des vidéos disponibles sur internet.
A l’heure où tout le monde écrit et chante ses propres chansons, les auteurs capables d’en écrire de suffisamment fortes et originales pour que d’ autres chanteurs aient envie de les interpréter ne sont pas légion. Les chansons de ce calibre sont à coup sûr la preuve d’un vrai talent d’auteur et de compositeur, talent qui était indéniablement celui de Matthieu Côte.
Pierre Delorme
La Mère de l’officier, paroles et musique de Matthieu Côte.
J’ajoute, pour l’avoir constaté sur scène, que la boule d’émotion qui étreint Stéphane Balmino, et le public par la même occasion, quand il interprète des chansons de son ami, ressemble bien à un témoignage de l’influence qu’a pu avoir Matthieu Côte sur les personnes qui l’ont fréquenté…