Tout n’est pas qu’un éternel recommencement comme on se plaît à le dire parfois, mais lorsque l’avenir est trop incertain on se tourne frileusement vers le passé pour s’y réfugier et, en quelque sorte, essayer de le recommencer plutôt que regarder vers demain. Le domaine de la chanson n’échappe pas au phénomène et la profusion actuelle de nouveaux arrivants sur le marché n’est pas sans rappeler celle des années soixante, dans la période dite « yéyé ». Le nombre de lancements de carrières et leur brièveté (on disait à l’époque : « ils font un petit 45-tours et puis s’en vont ») ne sont pas les seuls points communs. La naïveté des paroles et la niaiserie des mélodies le sont aussi. Parmi ce flot incessant de nouvelles figures, on se demande cependant qui restera dans le paysage pendant des dizaines d’années à l’instar des Johnny, Eddy ou Sylvie ? Peut-être qu’aucun ne durera, ou peut-être un ou deux…. les paris sont ouverts. Dans un autre registre, le revival du style rive gauche nous apportera peut-être un nouveau Brassens, pourquoi pas ? Les paris sont ouverts aussi. Mais sans doute est-il moins hasardeux de parier sur quelque chose de neuf qui finira par émerger, car, comme dit si bien la sagesse populaire, Ce qui est fait n’est plus à faire et Demain est un autre jour.
Pierre Delorme
Pas d’accord, mon cher Delorme !
Si j’apprécie votre causerie très drôle sur les meilleures chansons depuis les années 80, l’émergence d’un nouveau Brassens demanderait un minimum de diffusion sur le service public, car comment la sagesse populaire pourrait-elle le découvrir si elle ne l’entend pas ?
Les milieux autorisés, comme le disait si bien Coluche, les milieux autorisés s’autorisent à censurer ou promotionner… c’est tout à fait comme le monde politique…
C’est vrai, on le dit souvent, Georges Brassens ne réussirait pas à se faire connaître aujourd’hui. C’est exact, et c’est pour cette raison, ai-je l’habitude de dire, que Georges Brassens, qui n’était pas con, a choisi de se faire connaître dans les années cinquante. Nous sommes à une autre époque, le public a changé, et les « nouveaux » Brassens, qui ne ressembleront pas du tout à Brassens, mais qui joueront le même rôle que lui, sont sans doute déjà là, diffusés par les radios ou visibles sur internet.
Pierre Delorme