J’aurai mis le temps, mais je suis tombé dedans avec le numéro 96. Je parle de Vinyl, la revue. D’abord, je n’ai découvert son existence que bien tard. Ensuite, le sous-titre, « Musique hors bizness », sent quand même un peu la « défense-de-tous-ces-artistes-scandaleusement-ignorés-par-les-médias », ça peut refroidir. Heureusement que la couverture fait chaud aux yeux. Sur ses recto et verso en miroir (pour voir l’effet, faut s’abonner), la plus récente affiche, entre autres, Joan Baez, François Deguelt, Jehan, The Smashing Pumpkins, Jacques Debronckart, Etienne Daho et Dany Béa. On pourrait croire que ça part dans tous les sens. Au contraire, le message est clair. La chanson, c’est du plaisir, pas une cause et encore moins un combat – perdu d’avance.
Le plaisir, dans ces pages, il sert de ligne éditoriale. Plaisir de la découverte, pour Frédéric Saint-Antoine, qui ne se penche pas pour rien sur les « cartons poussiéreux le plus souvent planqués sous les tables dans les brocantes ou vides-greniers » puisqu’il en remonte un 45-tours de Pia Colombo, « cette magnifique chanteuse [que l’]on oublie trop souvent de citer lorsqu’on parle des grandes dames […] », ou un autre d’Yvan Dautin, que le chanteur
« n’a point lui-même, étourdi qu’il est ! ».
Robin Rigaut, dans sa page « Vrac », chronique, dans un même élan, Là sous la lune d’Alcaz et Get Closer de BBC, groupe rouennais qui chante en… anglais. Car tous les professeurs Scrogneugneu auront beau dire, ils n’y pourront rien changer : depuis que Little Bob, du Havre, et les Dogs, de Rouen, ont édicté les canons du genre, la langue musicale des rockers normands (sauf Les Olivensteins, je sais) est l’anglais, pas le français.
André Coatleven, lui, est tout content : grâce à un article dans un vieux numéro de Bretagne Magazine, il en sait enfin davantage sur Dany Béa, chanteuse oubliée dont il possédait trois 45-tours sur Monde Melody, un label disparu.
Citons un dernier nom qui risque, celui-là, de faire grincer quelques oreilles (tout près d’ici, même) : Etienne Daho. Robin Rigaut (encore lui ? C’est normal, c’est le chef) lui consacre un long article chronologique. Ni d’un clan – « les inconditionnels » – ni de l’autre – « ceux qui […] reprochent [au chanteur] son manque de voix », il n’ignore pas les faiblesses – tels « le son un peu “daté” et la batterie fatigante » de l’album Pour nos vies martiennes –, mais révèle des collaborations – avec les Swingle Singers ou Astrud Gilberto – qui donnent envie d’écouter plus loin que Tombé pour la France ou Week-end à Rome.
Vinyl, qui manque d’abonnés, espère aller jusqu’au numéro 100. En souscrivant aujourd’hui, pour six numéros, on fait le pari que la revue vivra au-delà. La chanson, c’est aussi de l’optimisme.
René Troin
On peut écrire à la revue : Vinyl, 23 rue des Menus Plaisirs, 78690 Les Essarts-le-Roi.
On peut aussi la contacter via son site :
Durant le long week-end du 1er Mai, crapauds et rossignols retrouveront leur habitat historique : la campagne. Plus spécialement un coin de ladite campagne assez reculé – ou assez sage ? – pour se tenir encore à l’écart d’internet. Nous ne serons pas en direct avec vous mais, en guise d’intermède, nous avons préparé trois nouvelles, inspirées par des chansons, qui s’afficheront à partir de vendredi.
« Car tous les professeurs Scrogneugneu auront beau dire, ils n’y pourront rien changer : depuis que Little Bob, du Havre, et les Dogs, de Rouen, ont édicté les canons du genre, la langue musicale des rockers normands (sauf Les Olivensteins, je sais) est l’anglais, pas le français. »
Heureusement, cher René, que tous les rockers ne soient pas normands !
Amicalement à toi.
Michel
Ces lignes sont effectivement un vrai (menu) plaisir !
Merci René pour ce précieux soutien…