Bon, allons-y nous aussi, à notre tour, de notre minute de désolation : on n’entend plus comme avant de la bonne chanson française de qualité (CFQ) sur les ondes et chaînes du service public, et c’est pas bien ! C’est même scandaleux ! Il faudrait que ça cesse, moi j’vous l’dis ! Voilà, c’est fait !
Un peu d’histoire, maintenant… Sur un mur de la cave humide du local d’un groupe anarchiste montmartrois, qui servit durant quelques mois de premier studio à Radio-Libertaire, Julien, l’un des fondateurs de cette station, avait apposé une grande feuille de papier sur laquelle ordre était donné aux divers animateurs de passer 80% de chansons françaises « à texte » en guise de pauses musicales. Dès la naissance de cette radio, en effet, et même si cette injonction ne fut évidemment pas toujours respectée, l’accent fut mis sur cette chanson-là, à tel point que sa programmation musicale contribua sans doute au moins autant que son propos, très politique, à la distinguer nettement des autres stations de la bande FM parisienne.
Depuis cette époque – septembre 1981 –, même si le pourcentage fixé ci-dessus a nettement baissé à l’antenne, compte tenu de l’abandon du micro de toute une génération d’animateurs et du rajeunissement dû aux nouveaux venus (1), la CFQ a toujours bénéficié d’une place de choix dans la programmation maintes fois renouvelée de la station. Plus de trente ans que ça dure, donc. Aujourd’hui encore, trois émissions lui sont entièrement consacrées : celle de Marlène Bouvier, « De rimes et de notes », le jeudi de 12 h à 14 h ; celle de Bernard Carré, « Ça urge au bout de la scène », le lundi de 21 h à 22 h 30 ; et enfin celle de Nicolas Choquet, « Deux sous de scène », le samedi de 15 h 30 à 17 h. C’est dire que le pauvre amateur de CFQ méprisé par le service public n’a nullement besoin d’opter pour l’exil à Saint-Pierre-et-Miquelon ou Adélaïde, comme le suggérait récemment René (2), s’il veut écouter sa chanson préférée. Cinq heures de chansons comme il les aime, souvent même en présence de leurs auteurs, lui sont proposées chaque semaine, sur cette seule station (3), par des animateurs bénévoles. Si ces derniers devraient parfois, il est vrai, veiller à ce qu’une meilleure qualité technique soutienne leur propos, on leur sait gré toutefois de laisser leur ego dans la coulisse. Ici, pas de Philippe Meyer qui s’écoute parler, mais une simplicité bienvenue. A vos postes !
Floréal Melgar
(1) Preuve, s’il en était besoin, que la forte diminution de la part de chansons à texte à la radio ne résulte pas toujours de la toute-puissance du showbiz et de l’industrie musicale, mais qu’elle peut tout simplement s’expliquer aussi par les goûts autres des jeunes générations.
(2) http://www.crapaudsetrossignols.fr/index.php/2014/04/14/la-nuit-cest-mieux-le-jour/
(3) Il existe bien sûr à travers le pays d’autres émissions consacrées à la chanson, qui peuvent être écoutées sur le Net. Les lecteurs qui le souhaitent peuvent nous les signaler en vue d’un article plus complet sur le sujet.
Oui, cher auditeur, écoute Radio Libertaire et n’oublie pas de prendre ta carte de soutien, à la libraire Publico, rue Amelot …Amen ! Comme dirait Choquet !
Dire aussi que maintenant si on habite loin on peut écouter sur le Net.
Bravo et merci.
Ces derniers jours, nous étions dans l’impossibilité d’insérer des liens directs vers des sites ou des pages internet. Le problème ayant été résolu, un lien direct vers le site de Radio Libertaire figure sous l’article de Floréal.
Si ma mémoire est bonne (et elle l’est !), début 1982 un sondage non divulgué d’un grand institut fut piraté (ça coûte horriblement cher) et permit à Radio Libertaire de constater qu’elle figurait en troisième position parisienne quant à son audience, devant NRJ ! On peut jurer que sa programmation musicale CFQ en était la cause.
L’arrivée massive sur Radio Libertaire de musiques avec ou sans guillemets violentes souvent et anglo-saxonnes toujours l’a bien fait descendre dans l’estime de citoyens qui auraient pu pourtant par ce biais découvrir les thèses libertaires.