Monsieur William, le texte que Jean-Roger Caussimon a donné, en 1950, à Léo Ferré, raconte une histoire qui inspire les illustrateurs. En 2011, Patricia Stroud en a tiré un film d’animation. On a pu le voir – et peut-être encore – dans quelques-unes des rares salles de cinéma qui proposent un court-métrage avant le « grand film ». Les images voguent entre noir et sépia pour illustrer les derniers instants d’un « employé modèle » chantés par Léo Ferré.
Trois ans plus tôt, déjà, les éditions Esperluète, une petite maison belge dont « la volonté [est] de susciter la rencontre entre écrivains et plasticiens », avaient permis à Jean-Pierre Blanpain de suivre le quadra « sans fredaine » de son bureau jusqu’à sa mort « dans la treizième avenue ». Jean-Pierre Blanpain s’est exécuté en vingt-deux linogravures, au noir et blanc parfois rehaussé d’aplats bleus, qui, dans le livre, dialoguent avec les mots de Caussimon.
Comme il était tentant d’ajouter le son à ces images, Jacki Feydi l’a fait, non sans s’assurer auparavant de la double autorisation de l’illustrateur et de son éditeur. Pour la voix, il n’a eu que la peine de s’autoriser lui-même. En effet, depuis le tournant du siècle, Jacki Feydi promène, où l’on veut bien l’entendre, les chansons de Caussimon où l’on veut bien les entendre.
René Troin
Le court-métrage de Patricia Stroud
Le montage de Jacki Feydi