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Ailleurs, l’année dernière, j’avais écrit qu’un auteur de chansons, même s’il les défend lui même, gagne toujours à trouver des interprètes. Sauf Boby Lapointe, selon mon opinion d’alors. Mais comme seuls les imbécihawaïles ne changent pas d’avis, aujourd’hui j’ajoute un codicihawaïlle : c’était avant de voir Comprend qui peut – Boby Lapointe repiqué, par un collectif de six artistes – pas toujours les
mêmes (1).

De g. à d. : Yeti, Evelyne Gallet, Nicolas Jules, Thibaud Defever et Mathias Imbert.

De g. à d. : Yeti, Evelyne Gallet, Nicolas Jules, Thibaud Defever et Mathias Imbert.
Photo : S. Rivaux

Le jeudi 20 février, au théâtre Marelios, à La Valette (Var), il y avait : Evelyne Gallet, Thibaud Defever (alias Presque Oui), Mathias Imbert (dit Imbert Imbert), Yeti, Nicolas Jules et Roland Bourbon. Chanter à voix multiples, c’est peut-être là la clef pour faire oublier l’interprète originel. Voix qui fait plaisir à voir pour Evelyne Gallet, qu’on croirait Magali Noël du temps où elle faisait boum. Voix funambule sur le fil des six cordes, dont il joue si doux, pour Thibaud Defever. Voix de Buster Keaton, s’il avait eu la parole, pour Nicolas Jules – qui imite la cafetière, au repos et en action, comme personne (d’ailleurs, quelqu’un y a-t-il pensé avant lui ?). Voix en coin, comme on dit d’un sourire, pour Mathias Imbert.

Roland Bourbon Photo : S. Rivaux

Roland Bourbon
Photo : S. Rivaux

Mais le coup de génie de la troupe, c’est de révéler le côté punk de Boby Lapointe. Rappelons-le (même si, hélas ! ça ne le fera pas revenir) : ce type jouait du pied comme Sid Vicious (2) de la basse. Musiciens de studio ou pianiste de Bobino ne l’ont jamais fait prisonnier du rythme. Aux uns comme à l’autre, il donnait rendez-vous à la coda. Où il arrivait souvent le premier, il faut le reconnaître. Cette inimitable charge du chanteur léger est ici transposée dans une version cavernicole de L’Hélicon, dans le Bobo Léon haché en néerlandais par Yeti (« J’aime beaucoup cette langue », glisse Thibaud Defever, comme un trait de triangle au milieu du maëlstrom), dans les tirs ajustés de Roland Bourbon à la batterie lourde, dans un Loumière tango que Nicolas Jules achève Fender (3) au poing, debout sur un fauteuil du troisième rang, haranguant le public : « Tous à poil ! » (c’est à ça qu’on sait que Boby Lapointe est un classique : l’actualité lui va bien). Effet garanti sur une salle dont la moyenne d’âge frôlait la cinquantaine et demie… Encore une fois, on regrettera l’absence de jeunes spectateurs. D’autant plus que l’équipe du théâtre Marelios s’attache à programmer des spectacles (théâtre, chanson, musiques classique et contemporaine) s’adressant à plusieurs âges. Pour cette soirée, le programme indiquait : « A partir de 10 ans. » Ils étaient quatre dans ces années-là. Ils ont tous beaucoup aimé. Mais auront-ils osé le dire à leurs copains de CM2 ou de collège, le lendemain ? Au risque de passer pour des bolos – à moelle ! Parce qu’il n’y a pas que Boby Lapointe au pays du calembour – d’ac ?

René Troin

(1) Patricia Capdevielle, Dimoné et Jeanne Garraud font aussi partie de la troupe.
(2) Sid Vicious jouait de la basse sommaire au sein des Sex Pistols.
(3) Tant pis si ça n’est pas la bonne marque – de loin, ça y ressemblait.

6 commentaires »

  1. Michèle Dubromelle dit :

    Ton article donne très envie de voir le spectacle, René !

  2. Norbert Gabriel dit :

    Et personne n’a repris le happening de Boby sur « La Vénus de Milo le lion de Belfort » ? Comprend qui peut…

  3. Fabre Christine dit :

    Nous avons vu ce spectacle à Barjac en 2012 et ce fut… extra-ordinaire… une redécouverte de Boby Lapointe en même temps que la découverte de jeunes artistes ! Allez-y… courez-y vite … il va filer !

  4. Christophe Novelet dit :

    Le plus impressionnant dans ces reprises, c’est que l’on pourrait croire qu’elles n’en sont pas, tellement elles « collent » à la peau des interprètes :
    Petit homme qui vit d’espoir par Imbert Imbert
    L’Ange par Presque Oui
    L’idole & l’enfant par Dimoné,
    etc., etc.
    Enfin toutes !

  5. Chris land dit :

    On a tous tellement ancré bien profondément « son » Boby Lapointe perso, avec les souvenirs qui lui sont liés, que j’avais du mal à envisager un spectacle multi-voix pour l’évoquer, pour le partager…
    Cet article et le nom des intervenants m’ont débloqué le compteur.
    Dalida l’a dit à Dadi… alors je vais me laisser tenter par Madame Lafée.

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