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J. DuinoSouveraine. Ainsi va la tendresse dans
les chansons de Jean Duino. Attention : tendresse n’est pas mièvrerie. Comme Yvan Dautin, Gilbert Laffaille ou Frédéric Bobin (pour citer trois gars qui nous ont gratifiés ces derniers mois d’albums notables), comme Isabelle Mayereau (pour citer une fille dont on aimerait voir les albums réédités dans les mois qui viennent), Jean Duino sait dire des choses graves sur des musiques légères. Obéissant à cet aphorisme de
Léo Ferré, « Les plus belles chansons engagées sont celles qui n’en ont pas
l’air (1) »
, il chante l’Espérance de bleu des migrants de Lampedusa, dresse le catalogue de nos indignations à répétition face à l’Histoire qui radote les mêmes horreurs et erreurs (Plus jamais ça), avant de faire la liste des cynismes de notre Epoque épique, clin d’œil en miroir à l’Epique époque de Ferré – encore. Cinquante ans ont passé, rien n’a changé, sinon en pire. Hier, il y avait « Ces boîtes à radios / À ragoût pour idiots » ; aujourd’hui
« Un canard merdique / Engraisse un Murdoch ». Bien forcé d’en parler, même si, on le devine, Jean Duino aimerait autant, question thèmes, s’en tenir aux souvenirs d’une enfance martégale (Entre les rues de l’Hospice et de la Fraternité), à l’amitié
(Les Robinières), et à l’amour, bien sûr (Gatou).
Mais quoi qu’elle serve, la langue de Jean Duino ne se départ jamais d’une musicalité qui culmine dans Nouvel Avril, une chanson idéale pour traverser l’hiver : « De la mer à la colline / Saladelle et sentoline / Ne craignent plus le grésil / Valériane et lavatère / Lèvent, ainsi va la terre / Au ciel azuré d’avril. »
Les musiciens sont trois (2), qui jouent en formation serrée autour de la guitare du chanteur. Les mélodies empruntent aux îles, au Brésil, au jazz aussi (Récréa Rag).
Et ces notes venues de loin font que l’on se surprend, en les écoutant, à dériver jusqu’en Amérique, du côté de chez J.J. Cale, dont la guitare tranquille et la voix paisible – le laid back, c’est le nom du style – sont cousines de celles de Jean Duino. Sans compter l’accent de leur Midi respectif. J.J. Cale a toujours gardé ses inflexions de gosse de Tulsa (Oklahoma). Jean Duino a « l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille (3) ». Avec Pierre Lebelâge (de Toulouse), Dimoné (de Montpellier), ne serait-il pas en train de dessiner un axe de la chanson du Sud ?
La question demande que l’on y réfléchisse… En attendant, si vous commenciez l’année par un beau disque ?

René Troin

 

(1) Léo Ferré, Le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir – Mots d’amour et autres provocations (édition établie et présentée par Jean-Paul Liégeois), Le Cherche Midi, coll. « Chants libres », 2013, p. 66.
(2) Michel Altier (contrebasse), Fabrice Bon (clarinette, saxophone soprano, flûte, violon), Holger Lampe (percussions), José Pavli (piano).
(3) J.J. Cale et Mireille Mathieu (J’ai gardé l’accent, 1968) dans un même paragraphe ! Essayez donc de trouver, ailleurs qu’ici, pareil grand écart dans les références.

Jean Duino, Epoque épique. 1 CD (14 titres). Paroles, musiques et arrangements : Jean Duino – sauf Si ce jour-là (paroles et musique : Georges Moustaki). 1 livret de 28 pages, illustré par Gatou. Commandes : Association Mots, notes et couleurs,
46 traverse Espanet, 13600 La Ciotat. Prix : 20 € (frais d’envoi inclus, chèque à l’ordre de l’association).

Jean Duino, Entre les rues de l’Hospice et de la Fraternité.

 

1 commentaire »

  1. La guitare, la voix, la plume, l’inspiration… tout est bon chez Jean, y a rien à jeter ! Un magnifique album !

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