Après y avoir fait les beaux soirs du printemps dernier, Le Kabaret de la dernière
chance (1), la pièce à musique écrite par Oscar Castro et Pierre Barouh, sur des mélodies d’Anita Vallejo, revient au Théâtre Aleph,
à Ivry-sur-Seine, tous
les dimanches que
fera le calendrier entre
le 17 novembre et
le 22 décembre 2013. En fin d’après-midi, à 18 heures, cette fois.
Quoi de mieux, avant d’affronter le lundi qui vient, que de remonter le temps jusqu’au début du vingtième siècle en se débrouillant pour atterrir au Chili, dans le désert d’Atacama, et plus précisément à Pelequen ? Pile-poil le soir où le président de la République, l’ambassadeur des Etats-Unis et leurs épouses respectives patientent dans le plus sympathique bouge du coin en attendant le passage de la comète de Halley. Sauf que l’irruption d’un pilote français, forcé à l’atterrissage, va perturber un spectacle qui n’en avait pas besoin.
Parce que dans ce cabaret-là, les danseuses prennent parfois un pas d’avance, les chanteurs une demi-mesure de retard. C’est l’histoire qui veut ça. Et aussi l’utopie que porte Oscar Castro – Monsieur Loyal du Kabaret à la scène, et âme du Théâtre Aleph à la ville. Pour lui, tout le monde est comédien. Et il le prouve en alignant une troupe de quinze têtes, composée d’une paire de professionnels entourés de représentants de la société salariale. Pas forcément les mêmes au fil des séances, ni forcément jouant toujours le même rôle : telle, qui occupait la position bien assise de femme d’ambassadeur en juin où les jours allongent, se retrouve debout, dans un petit costume de serveuse, maintenant que la bise est revenue. Peut-être même devra-t-elle abandonner son tablier, l’espace d’une représentation, à une ancienne de la troupe, en visite à Ivry, qui aura comme une envie de repiquer au jeu.
Si ça ce n’est pas du spectacle vivant ! Et dans tous les sens… Oscar Castro s’étant pris, il y a quelques lunes, de passion pour la vidéo, on voit sur un écran, en fond de décor, flotter la brume de chaleur sur un coin de désert, Yves Montand chanter la chanson-titre de la pièce, et d’autres images qui culminent avec cette émouvante mise en abyme : les comédiens de 2013, debout dos au public dans la pénombre du plateau, regardent jouer ceux de 1986. Et quand la salle se rallume, alors que les spectateurs rassemblent leurs esprits et leurs petites affaires, il n’est pas rare qu’Oscar Castro improvise un commentaire durant lequel vous l’entendrez peut-être saluer Pierre Barouh comme « le plus grand parolier du monde ».
Pour aller au Théâtre Aleph, cet îlot chilien, à deux rues du périphérique parisien, le plus simple, c’est le métro. La ligne 7 vous y emmène. Descendez à Ivry, station Pierre-et-Marie-Curie. Le plus difficile, la première fois, c’est de trouver l’escalier qui descend vers la rue Louis-Bertrand. Après, c’est tout droit ou presque (emportez un plan avec vous, je ne vais pas vous faire un dessin !) jusqu’à la rue Christophe-Colomb. Arrivé au numéro 30, il faut pousser la porte brune en prenant garde que les deux chats, qui vivent là, ne s’échappent — comme si par le froid qui couve, l’idée de se carapater allait leur traverser les pattes !
René Troin
(1) Un titre qui ressemble, à une lettre près, à celui du récit autobiographique de Jack London : Le Cabaret de la dernière chance.
Oscar Castro (mise en scène), Pierre Barouh (paroles), Anita Vallejo (musique),
Sylvie Miqueu (chorégraphies), Le Kabaret de la dernière chance, Théâtre Aleph, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les dimanches 17 et 24 novembre, 1er, 8, 15 et 22 décembre 2013, à 18 heures. Réservations : 01 46 70 56 85 ou 06 08 58 80 29.
Quelques images pour se faire une idée. Mais le mieux, bien sûr, c’est d’y aller.
Oh les Parisiens là !… Descendez un peu en province faire ce genre de trucs !… Ça a l’air très sympa, mais nous on se sent vachement frustrés !…
Tiens, allez, je me propose d’essayer de vous trouver un endroit sympa vers chez moi (région Nice/Cannes).
Quand tu veux, on vient avec toute la troupe. Avec plaisir.
Merci de l’info, j’avais cru que tout le monde avait déménagé au nouveau théâtre El Duende qui ouvre ces jours-ci …
Pas tout le monde, mais maintenant l’Aleph sème ses graines et il y a effectivement deux théâtres à Ivry : Aleph et Duende. Longue vie aux deux.
Merci de la part d’une actrice qui, après avoir revêtu les habits de la femme de l’ambassadeur des États-Unis, va servir le champagne au président de la République.