La retraite, ça se dit jubilación en espagnol,
et dans le cœur de Rémo Gary ce mot a résonné le jour où il l’a appris. C’est pourquoi, parvenu à cet âge où la loi permet encore, pour plus très longtemps, de cesser le travail, il a nommé ainsi la fête organisée là où il vit,
à Bourg-en-Bresse.
Sur la scène d’un théâtre de 600 places plein à craquer, ses amis du monde du spectacle (1) sont venus interpréter tour à tour une, deux ou trois chansons, ou dire des textes, comme ce remarquable Bal des pendus qu’Arthur Rimbaud écrivit à l’âge de 16 ans, dit ici par Brigitte Mercier et Valérie Guillon, ou les commentaires pleins d’humour accompagnant les facéties offertes sur écran géant par le frère cadet du récent « retraité », Luc Garraud.
Présentés par un maître de cérémonie fraternel, Rémo Gary lui-même, à l’issue de courtes interventions où se reconnaissaient son amour des mots et son penchant pour le social, les artistes se sont succédé sans céder à la tentation qui guette trop souvent les participants à ce genre d’événement :
les remerciements boursouflés, le discours affecté. Dans une parfaite organisation, tout est resté très simple, sans chichis, sans manières, et sans que l’aspect chaleureux de cette rencontre en soit atténué, bien au contraire.
Au beau milieu d’une partie artistique de haute tenue, un camarade militant de Rémo Gary est venu nous entretenir du mensonge de certains mots ou expressions dont les médias et les politiques se sont consciencieusement appliqués à travestir le sens. Ce dimanche 13 octobre, au théâtre de Bourg-en-Bresse, il est en tout cas deux termes, l’amitié et la fraternité, qui n’avaient rien perdu de leur signification profonde. Avec de beaux moments de chanson en prime, dont La Paysanne de Gaston Couté, avec son refrain repris en chœur par tout un théâtre, compta parmi les plus émouvants.
Floréal Melgar
(1) L’Harmonie de Bourg de Jean-Marc Tremblay, Véronique Pestel, Christian Camerlynck, Yvan Dautin, Michel Boutet, Anne Sylvestre, Hélène Maurice, Frédéric Bobin, Michèle Bernard, Gilbert Laffaille, Jeanne Garraud, Francesca Solleville, Thierry Küttel, Dominique Prevel, Michel Bühler, qu’accompagnaient Nathalie Fortin, Clélia Bressat-Blum, Joël Clément, Luc Echampard, Didier Boyat, Bernard Dutheil, Olivier Neveux, Fred Morandat, Lilian Mathieu. Gérard Pierron, malade, n’avait pu se déplacer, et Jacques Bertin, présent mais aphone, est resté sagement parmi les spectateurs.
Merci Floréal de nous donner à partager, sans boursouflure ni affectation toi non plus, ce moment qui, vu d’ici, a dû ressembler à un morceau de plaisir.
Merci aussi pour cette étymologie franco-ibérique du mot jubilación.