Either this is a new layout, or it has just been Reset. You can start building this layout by adding/removing modules from/to it.

Daniel DarcLa mort, fidèle filigrane de sa vie et de son œuvre, aura finalement recueilli Daniel Darc le 28 février 2013. Sept mois plus tard, paraît Chapelle Sixteen, double album posthume. Le soupçon de tripatouillage de fonds de tiroir, qui plane sur ce genre de réalisation, peut être ici évacué sans remords. Depuis 2004, Daniel Darc cosignait tous ses titres avec son arrangeur / musicien / réalisateur. Frédéric Lo
a investi ce rôle d’alter ego le temps de deux albums (Crèvecœur et Amours suprêmes). Laurent Marimbert, qui lui a succédé à partir de La taille de mon âme, est donc on ne peut plus légitime dans le rôle d’exécuteur de ce testament discographique en deux parties.
Sur le contenu du premier CD, Laurent Marimbert s’est longuement expliqué : Daniel Darc avait enregistré les voix, choisi l’ordre des chansons et le titre qui les résumait toutes : Chapelle sixteen. Restait à parachever ce travail commun en appelant des musiciens. François Delfin (guitare), Olivier Brossard (basse), Philippe Entressangle (batterie) ou encore Jean-François Assy (violoncelle), déjà présents sur La Taille de mon âme, ancrent le nouvel album dans la continuité du précédent. De nouveau, on part du rock (Les Trois singes, Une place au paradis…) pour atteindre le souffle lent qui vacille au noyau de l’intime (Ita Bella, qui évoque une grand-mère jamais connue, s’achève sur ces mots : « Ita Bella Margoline numéro inconnu / Quelque trente-six hommes sont revenus / Aucune femme n’est revenue / Cinq policiers français / Un allemand / Ita Bella Margoline / Ita Bella Margoline / Ita Bella Rozoum Vel’ d’Hiv’ 42 »). Sans oublier la foi. Car Daniel Darc avait la foi. Pas celle du charbonnier, mais de celui qui doute et peut cracher au Ciel. L’album s’ouvre sur une prière « Tomber à genoux / Oh, le ciel brise le cœur / Pourquoi, pourquoi m’as-tu abandonné / Tomber à genoux / Pourquoi, pourquoi m’as-tu abandonné / La nuit sans aucun recours / Noyer l’infortune / Tant pis / Loin, loin déjà loin / Trop loin […] »
Et se referme sur Les Enfants, une longue méditation qui emprunte à la fois aux cantiques et aux poètes de la Beat Generation (« Qu’arrivera-t-il aux enfants / Qui ne font pas leurs prières / Qu’arrivera-t-il aux enfants / Qui dorment dans la rue / Qu’arrivera-t-il aux enfants / Qui n’apprennent pas leurs leçons / Qu’arrivera-t-il aux enfants, aux enfants […] »), autre influence majeure de Daniel Darc qui éructe d’ailleurs, dans l’une des quatre Variations qui ponctuent l’album, quelques vers
du Howl d’Allen Ginsberg.
Le deuxième CD, Laurent Marimbert l’a baptisé Les inachevés. Bien improprement : on connaît des chansons définitives moins finies que celles-là.
Les arrangements dépouillés (Laurent Marimbert et Daniel Darc se partageant, pour l’essentiel, l’accompagnement de ces maquettes) rendent encore plus
présente la voix du chanteur. Ce timbre accidenté qui joue de la puissance, de l’étranglement, de la fausseté même. Et prend les familiers du chanteur par surprise en deux reprises – comme on dirait d’un boxeur. Interprète apaisé de
La Complainte de la Butte de Georges van Parys et Jean Renoir, Daniel Darc livre
de La Folle Complainte une version à la juste profondeur du désespoir que diffuse ce classique de Charles Trenet. Qui sait si cette double échappée chez les grands auteurs relevait de l’improvisation de fin de séance de studio, ou si l’artiste entamait là une exploration personnelle du Répertoire ? La réponse est au Paradis. Puisque Daniel Darc a promis qu’il irait.

René Troin  

Daniel Darc, Chapelle Sixteen, Jive Epic/Sony Music (digipak 3 volets, 2 CD
+ 1 livret 12 p.)

www.danieldarc.fr/musique
Le site dédié propose plusieurs titres en écoute intégrale.

Soumettre un commentaire »




Commentaires récents

rubriques

Abonnez-vous à notre newsletter