Le réchauffement climatique fait des ravages, les neiges éternelles le sont de moins en moins, les glaciers dévalent les pentes à toute vitesse et les étés deviennent caniculaires dans les zones tempérées, bientôt l’hiver aura disparu !
Dans notre domaine, celui de la chanson, le dérèglement climatique semble faire du dégât aussi ! Le répertoire fond comme neige au soleil. Que les chansons tombent en pluie ou en neige, à peine touchent-elles nos oreilles qu’elles s’évaporent. Les empreintes que laissent les artistes ressemblent à celles que laissent les pieds mouillés des baigneurs sur les carreaux ou les planches surchauffées par le soleil de midi. On a à peine le temps de les apercevoir.
En ce qui concerne les ressources de la planète nous avons conscience aujourd’hui d’avoir agi comme si elles étaient inépuisables et nous avons pollué sans vergogne notre air ambiant au point de le rendre irrespirable. L’industrie du divertissement, secteur chanson, a pollué et pollue tout son saoul l’air ambiant aussi. Et comme l’air qu’on respire devient dangereux pour nos poumons, celui des chansons devient nuisible à nos oreilles et nos cerveaux ! L’industrie chansonnière a aussi épuisé bien des énergies et des talents dans le seul but de faire des profits. La chanson semble usée, tarie, de moindre qualité, comme un vulgaire gisement de pétrole ou une simple mine épuisée.
Cependant, si des chansons ayant pour sujet l’écologie existent, nul courant d’ampleur en faveur d’une écologie de la chanson elle-même ne semble émerger, une écologie en faveur d’une chanson bio plus saine et de médias moins polluants ! L’entretien, par le biais associatif le plus souvent, de petits lieux, de niches dédiées à la chanson « bio » ou artisanale pourrait servir de terreau propice à l’émergence plus générale d’une nouvelle chanson. A la condition que ces « jardins » tiennent le coup sur le plan économique, ce qui est souvent compliqué, car ils sont tributaires d’aides et de subventions devenues aléatoires, et surtout du bénévolat de passionnés ( le plus souvent des boomers amoureux de la belle chanson) qui pourraient se lasser et laisser tomber l’affaire sans être remplacés.
A défaut, comme un sol sans vie à cause de trop de chimie désherbante ou autres cochonneries déversées, il va falloir beaucoup de temps pour que la chanson se régénère et retrouve un peu de naturel, un peu de vie. Mais ne désespérons pas, comme le chantait un chanteur bio de jadis, Félix Leclerc, « C’est grand la mort, c’est plein de vie dedans » (L’amour, la vie, la mort). Souhaitons qu’il ait raison.
Pierre Delorme