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Les chanteurs adorent se doter d’un accessoire, souvent vestimentaire, qui s’attache à leur personnage au point d’en devenir l’emblème. Que serait Charles Trenet sans son chapeau ? Gilbert Bécaud sans sa cravate à pois ? Barbara sans sa robe noire ? Sans parler de Brassens sans sa pipe et sa moustache !
Les artistes chanson étaient des « voix », ils sont devenus progressivement des personnages et aujourd’hui surtout des images, des « looks » qui se doivent d’être repérables dans l’offre pléthorique du marché. Matthieu Chedid, M, raconte qu’il opta pour son look de personnage de BD avant même d’écrire ses chansons ! Les exemples sont nombreux sur la scène contemporaine de « looks » plus ou moins tarabiscotés.
Le jeune Gauvain Sers a parfaitement compris la chose et ne chante jamais sans sa casquette de « titi » creusois vissée sur le crâne. Rien à dire à cela, ça fait partie du jeu.
En revanche, à son entrée sur la scène de la fête de l’Huma (je crois), il est nu-tête, sa casquette l’attend suspendue au pied de micro ! Les musiciens accompagnent son entrée et devant la foule en liesse, Gauvain Sers met sa casquette (comme Brassens se serait collé une fausse moustache en entrant sur la scène de Bobino !). Cet artifice de « mise en scène » affirme que la casquette est un élément à part entière du spectacle.
Cette mise en évidence de l’accessoire numéro un de l’artiste pourrait dans le meilleur des cas faire penser à un désir de démystification, voire de distanciation brechtienne d’avec le personnage ! Hélas, il ne s’agissait, j’en ai peur, que d’une nouvelle « trouvaille » de cabotinage, une façon de dire « Eh les gars, voyez, je suis resté simple comme vous tous, j’avais même oublié ma casquette à la répète ! Nous sommes entre nous, hein, comme à la maison ! »
Je me souviens de Mouloudji. J’étais alors obscur accompagnateur d’une artiste et j’attendais mon tour sagement à l’arrière du plateau. C’était pendant un gala au profit de je ne sais plus quelle cause, qui avait lieu au Zénith, à la Villette. Il y avait beaucoup d’artistes. Depuis les coulisses et l’arrière-scène on voyait à la fois la scène et de l’autre côté l’ouverture qui donnait directement sur l’extérieur, l’entrée des techniciens et des artistes. Le gala se déroulait, puis j’ai vu arriver une voiture et en descendre Mouloudji qui a gravi les quelques marches menant à l’arrière du plateau et, après un sobre salut amical de la tête à tous ceux qui se trouvaient là, a ajusté son col, défroissé un peu sa veste, puis est entré en scène (où son pianiste l’avait précédé), il a chanté trois ou quatre chansons puis sous une ovation a quitté la scène, salué d’un signe de tête ceux qui attendaient derrière le plateau et il est redescendu jusqu’à la voiture qui l’attendait au bas des marches, puis a disparu !
Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à cette scène, que j’avais oubliée, en voyant Gauvain Sers devant le public se visser sur le crâne sa caquette savamment oubliée sur un pied de micro.
Mais c’était une autre époque, d’ailleurs qui saurait encore fredonner aujourd’hui As-tu vu la casquette, la casquette… » ?
Elle est peut-être cachée sous un petit coquelicot.

Pierre Delorme  



2 commentaires »

  1. POMMIER dit :

    Bonjour chers batraciens et piafs ! oui,ce sont des histoires de look, mais, sa casquette de Gauvain, il l’ avait même avant d’ être connu ! Je ne suis pas inconditionnel, mais qu’ il chante. Je suis plus intrigué par les grandes cuisssardes du pêcheur Lalanne !

  2. Toutes ces histoires remontent au moins à Eugénie Buffet et son « look » de Pierreuse, ou Aristide Bruant et son chapeau. Au moins … parce qu’avoir un « bidule » pour être reconnu du public, c’est la base non ? Dans le genre, la palme revient selon moi aux lunettes de Polnareff. Même si Mouloudji a fait sans.

    La mise en scène de la casquette, je la trouve habile : mettre à distance l’emblème tout en l’assumant. Ca fait genre je ne suis pas dupe de ma propre combine… ce qui est finalement assez prétentieux direz-vous.

    Sinon, je pense que cette anecdote a une certaine profondeur historique 🙂 Extrait de l’Education sentimentale de Gustave Flaubert :

    Puis une voix vigoureuse entonna les Souvenirs du peuple de Béranger.

    D’autres voix s’élevèrent.

    — « Non ! non ! pas ça ! »

    — « La Casquette ! » se mirent à hurler, au fond, les patriotes.

    Et ils chantèrent en chœur la poésie du jour :

    Chapeau bas devant ma casquette,
    À genoux devant l’ouvrier !

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