Les nouvelles générations ont bien de la chance, du moins dans le domaine de la chanson où s’activent ceux qui restent en marge du succès public et qui n’ont pas l’heur d’intéresser les industriels du divertissement. C’est une chance relative, mais une chance quand même, celle de pouvoir mettre un nom positif sur leur situation : ils font partie du « milieu indé » ou indépendant.
Dans ma propre génération, il y avait ceux qui faisaient du « commercial » et les « purs » qui faisaient de la chanson « à texte », de la chanson « engagée ». La distinction n’a cependant pas duré longtemps et l’appellation des catégories a vite changé – comme la consommation musicale elle-même – pour distinguer d’un côté les chanteurs à la mode, « dans le vent », et de l’autre les « ringards », venus d’une époque révolue. Le fait de ne pas réussir à faire son trou dans le « métier » ne pouvait être perçu que comme une chose négative (sauf chez les plus imbus d’eux-mêmes qui transformaient leur absence de succès en preuve manifeste de leur génie).
Aujourd’hui donc, on peut appartenir au milieu « indé », ce qui est bien plus positif, d’abord parce qu’on appartient à un milieu, on se sent moins seul et on peut se serrer les coudes, et ensuite parce que l’indépendance est une valeur incontestable, même si je suis prêt à parier que la plupart de ces « indés » troqueraient volontiers leur indépendance contre un juteux contrat dans une « major ».
Rétrospectivement, je suis bien content d’avoir été il y a quelques décennies un « indé », même si je ne le savais pas, même si le milieu n’en était pas vraiment un et même si la notion d’indé n’existait pas ! Mais c’est quand même plus sympa d’avoir été indépendant que ringard*.
Pierre Delorme
* Ringard : Qui est médiocre, dépassé, démodé, nous dit le Larousse qui choisit évidemment comme exemple : Une chanson ringarde (!).
Quelque part entre hier et aujourd’hui, on utilisait aussi le mot « alternatif ». Au départ pour le punk-rock, mais le mot s’est petit à petit élargi à d’autre styles de musique, jusqu’à de la chanson.
je pensais que le terme « alternatif » s’appliquait surtout au rock, mais bon, qu’est-ce que le rock sinon des chansons ? 🙂
Surtout qu’en France, tout finit par une chanson, même le rock, et surtout le rock alternatif 🙂
Voilà qui me rappelle aussi qu’on avait naguère des chanteurs « en marge » avec un circuit de diffusion et même une distribution de disques du même bois !