Cela fait quatre ans aujourd’hui, très exactement, que celui qui fut avec nous le cofondateur de « Crapauds et Rossignols », mais surtout notre ami, René Troin, s’en est allé. Et comme nous ne parvenons toujours pas à nous y faire, nous pensons particulièrement à lui en ce jour anniversaire de sa disparition. Nous avons choisi pour lui rendre hommage l’un de ses textes publiés sur ce blog. Vous partagerez ainsi un peu de notre tristesse, et apprécierez, nous l’espérons, l’image assez juste que ce texte offre de notre ami.
Pierre Delorme et Floréal Melgar
Chanteur de peu de mots
Sur mon Teppaz, j’ai écouté La Nuit… par Aimé Duval s. j. (1) « Quoi ?, crissent déjà certains qui nous lisent fidèlement, s’agit-il de celui-là même que Brassens évoqua dans un fameux couplet ? » Si fait, d’ailleurs je cite : « Le ciel en soit loué, je vis en bonne entente / Avec le père Duval, la calotte chantante / Lui, le catéchumène et moi, l’énergumène / Il me laisse dire “merde”, je lui laisse dire “Amen” […] »
La Nuit… du père Duval s’adresse à ceux qui veillent par devoir, aux « veilleurs de nuit, cheminots, soldats devant leur guérite »… à ceux qui souffrent aussi, les « opérés, les « trop chagrinés pour pouvoir dormir (2) ». À tous ceux qui, chacun dans sa solitude, partagent la même question qui donne son refrain à la chanson en forme de méditation : « Seigneur qui fis le monde / Pourquoi tu fis la nuit si longue / Si longue, si longue, si longue pour moi ? » Cette longue, longue, longue nuit (r)appelle la nuit du mont des Oliviers, la nuit de la Croix. Mais le père Duval, au contraire d’autres chanteurs « chrétiens », ne cède pas à la tentation de paraphraser, donc d’appauvrir l’Évangile. En peu de mots, il cerne des images intérieures qui aident à traverser la nuit : « Tu fis l’ivoire, l’ébène noire / Avec la neige dessus les toits. »
En écoutant la mélodie, inspirée par le blues et soutenue par la seule sobre guitare de l’interprète, on pense au Félix Leclerc du Train du nord. Et puis, au bout de cette Nuit, où attend l’« amitié / Pour partager tout par moitié », on en rejoint une autre (3), celle de Richard, que Léo Ferré voyait comme « une sœur de charité » pour « les pâles camarades / Qui venaient pour causer de rien ou d’amitié ». Tout s’éclaire.
René Troin
(1) Societas Jesu. Aimé Duval était un membre de la Compagnie de Jésus, un jésuite, autrement dit.
(2) Extraits des notes de pochette.
(3) À ne pas confondre avec La Nuit, un autre titre de Léo Ferré. (Note de Floréal.)
Aimé Duval s. j. (paroles, musique, interprétation), La Nuit…, 1956.
René Troin
Salut, c’était un temps heureux -d’adolescence- où on commençait à gratouiller la guitare, avec Brassens, Narciso Yepes, quelques negro spirituals, et le père Duval, qui avait un joli tempo bluesy, il a été suivi par quelques curés chantants, mais c’était de l’ersatz sans grand intérêt autre pour les cathos bien sages … Merci à René Troin d’avoir fait ce rappel .. et à l’occasion pour les nouveaux arrivés, allez lire « la chanson des 3 gars »…Moi j’ai bien aimé ce bouquin qui reste pas loin du chevet , bien entouré .. https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2015/09/01/lectures-de-vacances-mais-pas-que/
C’était le meilleur : soucis de précision , de vérité , bref une rareté parmi tout ce qui nous entourent ( et ceux qui nous entourent ) .
Pas un jour où j’aimerais échanger avec René sur les petits moments du quotidien…
L’homme et son mystère …pourquoi tu fais la nuit si longue …