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C'est donnéLe mode de consommation des chansons a changé depuis que la Toile en met des millions à la disposition de chacun. Qu’elles soient anciennes, même très anciennes, ou bien très récentes, les plus inconnues y côtoient les plus célèbres, les chansons des «stars » voisinent avec celles des anonymes qui les ont enregistrées dans leur cuisine*. La conséquence la plus immédiate est la chute drastique des ventes de CD. Si l’on achète encore un peu des chansons, c’est à la découpe sur les sites ou plateformes dédiés à ce type de commerce. La notion d’album n’a plus guère de sens. Chacun picore ce qui lui plaît.
On savait que la chanson dite « industrielle », celle proposée par les majors, souffrait grandement de ce nouvel état de fait, mais on imaginait moins que la chanson autoproduite et « artisanale » pouvait être aussi la victime collatérale de cette évolution technologique. Je suis en train d’en faire l’expérience personnelle.
A l’occasion de la parution (discrète, c’est vrai) d’un album autoproduit de chansons, j’ai eu le plaisir de voir que la « pub » pour cet album était bien relayée sur les réseaux sociaux, grâce à quelques amis virtuels ou même tout à fait réels ! J’ai pu constater ainsi que des amis d’amis, que je ne connais pas donc, s’intéressaient à mon travail. Certains sont allés jusqu’à dégoter sur la Toile certaines de mes chansons précédentes qu’ils ont postées sur leur  « mur », agrémentées de commentaires très flatteurs, voire très élogieux. Je m’attendais donc un peu à recevoir par la poste des courriers de ces nouveaux auditeurs qui, curieux d’en savoir plus, auraient décidé de commander le CD. Hélas, que nenni ! La consommation sur l’internet de ces chansons semble leur suffire amplement et leur curiosité ne dépassera pas ce qu’ils glanent sur les réseaux sociaux. A moins que le problème soit ailleurs et qu’ils n’aient plus le goût d’écouter des chansons sans les images, animées ou non, qui les accompagnent désormais… On peut se poser la question. Cette nouveauté dans la consommation des chansons est peut-être plus importante qu’on ne l’imagine**.
J’en étais là de mes réflexions un tantinet désabusées lorsque j’ai rencontré un de mes anciens élèves (guitariste et chanteur) qui m’a donné le coup de grâce en me déclarant tout de go que mon album coûtait trop cher (15 euros de la main à la main et 18 euros par la poste) et que je devrais le mettre en vente « à la découpe » sur un site dédié à ce genre de pratique. Lui aussi voulait-il sans doute picorer à sa guise.
Heureusement pour moi, j’ai un petit public d’amateurs de ma génération qui suivent fidèlement mon travail depuis longtemps. Ils ont donc encore le réflexe d’acheter les albums de chansons. Ouf !
Produire soi-même un album dans son coin est un travail de longue haleine, plaisant certes, mais un petit peu vain aussi quand même. Alors, s’adapter aujourd’hui aux « images », aux « like » et autres facéties de la Toile, à cette nouvelle consommation, c’est vraiment une autre paire de manches.
Tout change, c’est bien normal, mais on ne peut pas éternellement changer soi-même pour suivre l’évolution de la société, même dans un domaine aussi futile que la chanson.

Pierre Delorme

* Un jour que je cherchais à écouter sur la Toile telle version de Like a Rolling Stone par Bob Dylan, Youtube m’a proposé (dans les premiers choix) une reprise par un inconnu qui hurlait la chanson devant son évier en tapant sur des bongos !

** http://www.crapaudsetrossignols.fr/2013/11/04/chansons-a-voir/

4 commentaires »

  1. Un partageux dit :

    Dans le livre « Qui veut la peau de la chanson française ? » chroniqué par C & R et lu en diagonale dans les rayons de ma librairie habituelle, Jean-Éric Perrin m’a appris qu’un album de rap standard se vendait tout de même autour de 60 à 80 000 exemplaires. Ce qui ferait rêver bien des chanteurs contemporains de chansons pour adultes consentants. Et l’auteur de se demander ce que diable les djeuns pouvaient bien en faire en suggérant qu’ils étaient derechef « ripés ».

  2. Cyril C.Sarot dit :

    Au-delà des habitudes d’écoute et/ou de « consommation », ne pas négliger, peut-être, que par le fait du développement du numérique (facilités d’enregistrement, de diffusion…), l’offre augmente, plutôt largement, et souvent dans une proportion inverse au fameux pouvoir d’achat de l’auditeur, qui doit alors faire des choix, certains douloureux (d’autres non).

  3. Monsieur Delorme, je ne vous connais que par ce qu’on peut « picorer » sur internet, c’est très beau et je serais ravi d’acheter votre album. Seulement j’habite aux USA, la transaction prendrait des semaines et les frais de port en doubleraient le prix. Quel bonheur, il y a peu, de me procurer en quelques minutes le dernier album de F. Solleville. Bien sûr, les plateformes (iTunes, Bandcamp, Deezer, Musicme) prélèvent une marge autour de 20%.
    Pour participer au débat, je suggère une autre piste concernant le tout-digital : la raréfaction des lecteurs optiques.

  4. barkan dit :

    Ben oui Pierre ! on en est tous là ! Mon dernier album « beat-odyssée » connaît les mêmes PB, y a plus guère que le live pour que les gens se jettent sur nos « dics », et même ça, ça devient dur… avec trente nouveaux finalistes des télécrochets par an qui se lancent dans le métier, et tous les autres… le terrain est bien occupé… Alors « que reste-t-il de nos amours » de la chanson… ce merveilleux bébé né du mariage de la note et du mot… bientôt plus grand-chose… le virtuel tue le réel à la vitesse adsl… et on n’y pourra rien je le crains… il faudra se résoudre a chanter sous nos casques devant garage-band…
    enfin… qq rescapés de notre voyage comme Michèle Bernard, par exemple, s’en sortent pas trop mal, et c’est tant mieux… ça prouve que la résistance est encore là… poil au LA, mineur.

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