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Qui veut la peau...«  C’est vous dire si je me sens légitime quand je revendique être quelqu’un pour qui les chansons et la musique sont bien trop importantes pour qu’on les laisse entre les mains de ceux qui en font aujourd’hui commerce. Ce qui m’inquiète, plus simplement, c’est que face à ce rouleau compresseur sans âme qu’est devenue la conjoncture, les artistes que j’observe, dont je sais qu’ils ont du talent et que leur chansons méritent l’assentiment populaire, voient le temps passer sans perspectives encourageantes. A leur âge, avec le parcours qu’ils ont déjà accompli, il y a quinze ou vingt ans, ils auraient déjà expérimenté la reconnaissance et le succès dus à leur créativité. Mais les voilà un peu désarmés, et, malgré leur indéniable combativité, j’ai peur que certains d’entre eux, en dépit de la richesse d’émotions qu’ils charrient, ne soient contraints de mettre la clef sous la porte. Alors on y perdra tous des refrains qui nous auraient fait du bien, tellement de bien. »
Qui est l’auteur de ces lignes ? Un « résistant » de la belle chanson française ? Fred Hidalgo, Michel Trihoreau, Norbert Gabriel ?
Non, pas du tout, il s’agit de Jean-Éric Perrin, journaliste spécialisé dans le domaine de la musique populaire. Ces lignes sont extraites de son récent ouvrage, Qui veut la peau de la chanson française ?* .
Un ouvrage fort intéressant qui prouve, s’il en était besoin, que la chanson française est mal en point. Tout y passe : Le « C’était mieux avant », les télécrochets, les « fils de » et « filles de », la pub, la télévision, les radios, le « digital », le « streaming », etc. C’est un tableau assez exhaustif des causes de la décrépitude du genre.
La seule différence entre ce propos et le discours habituel des « résistants » de la chanson française de qualité (CFQ) est que pour Jean-Éric Perrin, la qualité « c’était » Étienne Daho, Indochine…. j’en passe.
Il se plaint d’entendre davantage Kendji ou Keen’V « plutôt que les délicieuses chansons de Barbara Carlotti ou Jo Wedin & Jean Felzin. » Chacun ses goûts et ses combats.
Le livre est riche en témoignages de gens du métier, c’est-à-dire du showbiz, agrémenté de quelques chiffres donnés à la louche. Cependant les questions posées sont légitimes et correspondent bien à notre époque de mutations technologiques si importantes que plus personne n’a de point repère, tout le monde navigue à l’estime. Même les requins du showbiz ! Le dernier chapitre a d’ailleurs pour titre une simple question: Un métier obsolète ? Le métier d’artiste bien sûr. Une question à méditer par tous ceux (de qualité ou non) qui veulent gagner leur vie en poussant la chansonnette. Jean-Éric Perrin constate, avec les professionnels de la profession, qu’ils sont bien trop nombreux…
Amis, lecteurs fidèles de Crapauds et Rossignols, lisez Qui veut la peau de la chanson française ?, vous y verrez écrit noir sur blanc un discours qui ressemble en tous points au vôtre quant à la pauvre condition de la chanson de qualité. Simplement, du point de vue de ce journaliste la qualité concerne d’autres « artistes » que ceux que vous chérissez habituellement, mais tout aussi injustement « floués » par un marché en crise, en pleine mutation.
A chacun ses « daubes » et ses trésors.

Pierre Delorme

* Qui veut la peau de la chanson française ?, de Jean-Éric Perrin, éditions du Moment, 2016.

5 commentaires »

  1. Un partageux dit :

    « Jean-Éric Perrin constate, avec les professionnels de la profession, qu’ils sont bien trop nombreux… »

    Mais y a-t-il un domaine économique, un seul, où l’on ne fait pas le même constat ? Je pourrais citer tous les exemples que l’on m’a donné au cours de ces dernières années mais ce serait lassant tant la liste est longue.

    « Suicidez-vous ! » semble être le seul conseil avisé. Soyons enfin efficaces que diable !

    • administrateur dit :

      A mon avis, ça n’est pas comparable. En période de plein emploi, ou du moins avec un taux chômage plus réduit, il y a besoin de plus de personnel pour la production, les services, etc. En revanche, plein emploi ou non, taux de chômage réduit ou non, il n’y a toujours besoin que d’un nombre limité d’artistes professionnels.Toutes les radios, télés, internet, salles de concerts réunies ne pourraient venir à bout de cette inflation actuelle de prétendants au « métier ». Vouloir raisonner en considérant que faire « artiste chanson » est un métier comme un autre est, à mon avis, une erreur. De mon côté je pense aussi qu’ils sont bien trop nombreux, comme pour la monnaie, le phénomène d’inflation entraîne une diminution de la valeur. Qu’il y ait beaucoup d’artistes amateurs (je parle du statut social) me semble une bonne chose. Le problème de la récession, de la difficulté pour les jeunes à trouver un emploi, sont réels, mais l’absence de travail et de perspectives ne donnent pas forcément un talent suffisant pour prétendre vivre de la chansonnette. A moins, et pourquoi pas, qu’on parvienne à un showbiz du « quart d’heure warholien » , nous n’en sommes pas loin déjà. Mais là, personne ne vivra de ses chansons. Pierre Delorme

  2. Un partageux dit :

    « Il se plaint d’entendre davantage Kendji ou Keen’V « plutôt que les délicieuses chansons de Barbara Carlotti ou Jo Wedin & Jean Felzin. »

    Pierre, il me faut aussi vous remercier de m’ouvrir à des horizons culturels dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Je ne connaissais aucun de ces noms alors que le premier affiche pourtant des vues par millions sur Youtube. En chanson j’ai des lacunes. Heureusement Crapauds et Rossignols s’emploie à parfaire mon éducation artistique.

    Il n’est pas certain que je fasse l’acquisition des œuvres complètes de l’un de ces noms. Mais qu’importe !

  3. Norbert Gabriel dit :

    J’avais raté cet article en juin, nous ne serions donc que trois résistants à peine Crapauds même pas Rossignols dans cette entreprise utopique ? Il n’y a personne dans le village gaulois d’Ivry ? Pourtant, je pourrais donner des noms… Mais faut pas dénoncer, c’est pas bien…

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