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Poupée à habillerPour peu que l’on soit musicien, ou simplement un auditeur attentif de chansons, l’émission de Philippe Meyer, « La Prochaine Fois je vous le chanterai », présente un intérêt indéniable : celui de diffuser, selon un thème choisi chaque samedi, des chansons d’époques différentes et de montrer du même coup à quel point leurs arrangements les attachent à des périodes bien définies du passé. Aux arrangements, comme marqueurs temporels, il faut ajouter la manière de « mixer » la voix par rapport à l’environnement instrumental. Plus ou moins « en arrière » ou « en avant », avec plus ou moins de réverbération.
En écoutant ce méli-mélo de chansons, il apparaît que la façon d’agencer les mots pour écrire les paroles ne varie guère. Les chansons ont toujours du mal à se passer de rimes et d’une métrique (à peu près) régulière. On alterne toujours les couplets et les refrains. Même si les chansons les plus anciennes ont une prosodie plus rigoureuse qu’aujourd’hui, la chanson est loin d’avoir fait sa révolution sur ce plan*.
En revanche, le style mélodico-vocal et les rythmes utilisés évoluent beaucoup. Tout comme l’arrangement, que d’aucuns considèrent comme « l’habillage » de la chanson.
L’image peut rappeler l’univers de la mode. Les mannequins aussi ne bougent pas de la même manière selon les époques, leur mise en scène varie, leur « rythme » et leur « mélodie » changent, les vêtements évoluent aussi, bien entendu, mais le « corps » à habiller, plus ou moins longiligne, plus ou moins statique, ne change guère. Bref, ce qu’on « habille » change peu.
De là à dire que les paroles sont le « corps » de la chanson, il n’y a qu’un pas. Franchissons-le allègrement, puisque aussi bien c’est la présence de « paroles », qu’elles soient faciles ou ambitieuses, qui différencie l’essence de la chanson de celle de la musique, bien que les deux mots soient de plus en plus confondus dans les médias et, en conséquence, dans nos esprits également.

Pierre Delorme

* La chanson et la poésie étaient au départ intimement liées. La poésie a fait sa révolution, elle a appris à se passer des rimes et des formes fixes de la versification classique. La chanson est restée en arrière et peine à s’inventer une modernité dans l’écriture du texte, au moins dans la forme. Hormis quelques expériences dans les années soixante-dix, avec notamment Catherine Ribeiro, Colette Magny, et Jacques Higelin et Brigitte Fontaine, peu d’audace aujourd’hui dans le travail sur l’écriture.
La poésie a réussi à s’inventer d’autres rythmes et d’autres contraintes, la chanson devrait pouvoir faire un jour la même chose.

1 commentaire »

  1. Annie Pauleau dit :

    J’aime beaucoup le travail de Arlt à ce propos…

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