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Soirée d'ouverture de Barjac 2015. Photo : Chantal Bou-Hanna

Soirée d’ouverture de Barjac 2015. Photo : Chantal Bou-Hanna

Pour les amateurs ou passionnés de chansons de paroles, la semaine écoulée aura été marquée assurément par la « bousculade » provoquée par une quinzaine de personnes dans la Mecque de la Chanson française de qualité, ce lieu saint de la Marge musicale qu’est Barjac, drame qui semble n’avoir fait jusque-là, fort heureusement, que deux blessés légers.
Comme toujours quand un conflit éclate, les commentateurs à distance ne manquent pas, qui, sans bien sûr connaître tous les tenants et aboutissants de cet épisode tumultueux, n’en émettent pas moins des avis tranchés. Les uns pour dénoncer un « coup d’Etat » dont la victime principale est parfois présentée sans crainte du ridicule comme une sorte de Guide suprême irremplaçable, les autres pour se repaître à l’avance des « révélations » qui ne manquent jamais d’apparaître au grand jour au moment des règlements de comptes.
La plupart des intervenants, sur les réseaux sociaux ou ailleurs, se montrent toutefois davantage inquiets pour l’avenir même du festival, en même temps que très surpris et peinés par les péripéties survenues ces derniers jours : l’éviction du directeur artistique, présent depuis vingt ans à ce poste, par le conseil d’administration de l’association qui l’organise chaque année.
Les Crapauds et Rossignols, toujours très sages, n’ont bien sûr nullement l’intention de prendre parti dans ces événements ô combien douloureux mais pour une fois non imputables au grand méchant show-business. Mais, ayant quelque expérience dans le domaine associatif, peut-être peuvent-ils, à la lumière des événements barjacois, apporter ici quelques réflexions. Et commencer peut-être par s’étonner que le conflit qui éclate aujourd’hui n’ait pas eu lieu plus tôt, tant les ingrédients qui semblent en être à l’origine étaient réunis pour cela.
Il est pour le moins curieux, d’abord, que des gens très largement situés à gauche sur le plan politique continuent de trouver normal et sain de maintenir sur une aussi longue durée une personne, quelle qu’elle soit, à un poste primordial au sein d’une association. Ce goût trop souvent prononcé pour les « sauveurs suprêmes » devrait quand même les faire réfléchir un peu aux risques encourus. Ils devraient se convaincre qu’il n’y a, en matière de chanson comme ailleurs, « ni dieu, ni césar, ni tribun ». Car le risque est grand de voir le résultat d’un travail collectif mis de plus en plus, au fil du temps, au crédit d’une seule personne. Ce qui est évidemment faux, aussi compétente soit-elle. Cette personne, identifiée dès lors au festival, peut d’ailleurs finir, au mieux inconsciemment, par le croire. Au point même, parfois, de s’imaginer propriétaire de l’événement et de son appellation. C’est humain, mais c’est aussi dangereux.
A cela s’ajoute l’erreur majeure qui consiste à nommer à un poste clé d’une association œuvrant dans un certain domaine, la chanson dans le cas présent, une personne qui œuvre professionnellement dans ledit domaine, un auteur-compositeur-interprète en l’occurrence. Là encore, les risques ne sont pas anodins : clientélisme, renvois d’ascenseur, autopromotion, etc. Sans jouer les procureurs à outrance, il est ainsi permis de se demander pourquoi certains artistes du créneau « chanson à texte » n’ont jamais pu mettre les pieds au festival de Barjac, en vingt ans d’existence, quand d’autres semblent y avoir scène, micros et ronds de serviette régulièrement réservés. Un peu comme ces vedettes omniprésentes des émissions de variétés de la télévision…
Et puis se pose évidemment la délicate question de l’argent, qui sépare obligatoirement, dans une association, les membres œuvrant comme bénévoles de ceux qui bénéficient d’un salaire, même si ces derniers travaillent davantage. La cohabitation de ces deux statuts au sein d’un groupe demeure, à terme, une source de conflit, aggravée ici par le fait que les salariés sont ceux-là mêmes qu’on voit toujours dans la lumière. C’est toujours dans l’ombre que naît le ressentiment.
Voilà ce à quoi, nous semble-t-il, devraient réfléchir les nouveaux responsables de ce fameux festival. Mais sans doute n’ont-ils pas besoin de nous pour cela et y ont-ils déjà songé. Longue vie à Barjac !

LTG

6 commentaires »

  1. Jean Michel Bovy dit :

    Merci pour ces thèmes de réflexions qui nourriront l’équipe !!

  2. Norbert Gabriel dit :

    Salut

    C’est une bonne synthèse de toutes les questions qui auraient dû être abordées beaucoup plus tôt… Même vu de loin, c’est mon cas, des personnes très modérées se faisaient l’écho de quelques curiosités spécifiques à ce festival.

  3. Danièle Sala dit :

    Bon, à part la poignée dont vous parlez, tout le monde semble d’accord pour démontrer, faits à l’appui, que le départ de Jofroi est une bonne chose pour la survie du festival. Ce qui me fait sourire, c’est que dans ces démonstrations in chorus chacun se croit obligé d’ajouter qu’il se garde bien de prendre parti !

  4. Chris Land dit :

    À une ou deux nuances de détail près, j’abonde, j’acquiesce, j’approuve le pas de côté que ce billet a décidé de faire afin d’y voir un peu plus clair.

  5. Bea Tristan dit :

    Grande justesse. Démonstration implacable. Applicable à tant d’autres milieux, c’est LE principe que la planète traîne comme un boulet depuis des millénaires. Merci.

  6. POMMIER Marc dit :

    Bonjour, analyse et commentaires réfléchis sans parti pris et qui amène à réflexion sans partisâneries !
    Et si l’ équipe restée entière avec comme seule modification « le directeur artistique » et que cela change plus souvent comme il est suggéré ici !
    Tout ça me chagrine tout de même ! Merci.

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