La saison touche à sa fin. Nous allons plier les gaules et rentrer plus ou moins bredouilles, une fois encore. Qu’espérions-nous pêcher ? Nous ne le savons pas au juste… Des vérités premières sur la chanson ? Des remarques acides, des signes d’amitié, des commentaires outragés ? Aurons-nous réussi à empêcher le temps de fuir trop vite en ressuscitant le temps d’un article des chansons et des saltimbanques oubliés ? Aurons-nous trouvé le chaînon manquant entre Frank Alamo et Léo Ferré ? Peut-être un peu tout ça en fait, mais il faut bien reconnaître qu’à parler chanson on peut avoir parfois l’impression de causer pour ne rien dire. La chanson, quelle qu’elle soit, ne se laisse pas facilement enfermer dans des discours. Ce qu’on a à en dire tient souvent en quelques lignes généralement impuissantes à bien décrire les émotions qu’elle nous procure. Reste à parler de ceux qu’on aime, les artistes, qui font, ou ont fait, ce qu’ils peuvent (comme dirait Souchon) pour essayer de faire de bonnes chansons. Mais si la bête est rétive à se laisser « commenter », elle demeure également fantasque, imprévisible, et personne n’a réussi vraiment à l’apprivoiser. Bien sûr, certains ont réussi de beaux numéros avec elle, comme un dompteur avec un fauve dans une cage, mais sa fréquentation reste périlleuse et beaucoup font les marioles, mais ils jouent du fouet devant un tabouret vide.
Il semblerait que plus on parle chanson, moins on en dit. Le sujet est fuyant. Mais nous continuerons à le suivre dans sa fuite dès que nos batteries seront rechargées, et dès que parler chanson nous manquera, c’est-à-dire dès la fin de l’été, ou même avant, qui sait ? D’ici là, nous vous enverrons, comme il se doit, quelques cartes postales d’endroits qui nous auront fait penser à des chansons, car il y a « toujours un coin qui me rappelle », comme chantait Eddy.
Un des gars tout seul (les deux autres gars sont déjà en vacances!)