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CogoniSur mon Teppaz, j’ai écouté Sombre ville par Michel Cogoni. Le 9 août 1969, Johnny Hallyday chante à Port-Barcarès devant quinze mille personnes. Soudain, « sur Je n’ai pas voulu croire, [il] réclame deux minutes de silence […] avant d’annoncer la mort d’un de ses amis et de jeter son micro par terre. L’ami en question est Michel Cogoni […] qui s’est tué la veille en voiture. »
L’anecdote rapportée par Frédéric Quinonero* résume la popularité de Michel Cogoni. Seulement, voilà : on oublie les visages et plus encore les voix. Et Michel Cogoni, c’était une voix… grave qui lui valut d’emporter, en 1959, la Coupe des meneurs de jeu d’Europe n° 1. Même s’il travailla aussi sur RTL et sur Radio et Télé Monte Carlo, c’est sur Europe n° 1, avec Dans le vent, qu’il forgea sa popularité. On l’entendit aussi au cinéma, sans toujours le savoir, parmi les doubleurs – ces comédiens de l’ombre – dans des péplums (Sodome et Gomorrhe, L’Esclave du pharaon, Le Fils de Spartacus…), des films d’aventures (Cinq semaines en ballon…) ou d’horreur (L’Effroyable Secret du docteur Hichcock**).
Le dernier film cité, je l’avoue, j’aimerais bien le voir après vous avoir parlé de Michel Cogoni chanteur, bien sûr. On passera sur son plus grand succès… facile : Monia (version « parlée » du slow-qui-tue de Peter Holm, calquée sur le Sag Warum de Camillo) pour s’arrêter sur cette Sombre ville, plus ambitieuse. Michel Cogoni cloue les syllabes toniques à la Bécaud (dont on peut raisonnablement penser qu’il était son modèle), l’orchestre et les chœurs sont à la hauteur, question dynamique. Sauf à le trahir sans vergogne, l’original plein de rage l’exigeait : Rat Race a été créé par les Drifters, le quartet de soulmen alors emmené par Rudy Lewis.
Reste les paroles françaises… un peu en dessous. S’il a respecté le mètre, Ralph Bernet a un peu édulcoré la lettre. « Là-dehors, dans la jungle / Tu dois te battre de neuf à cinq / Dans cette jungle d’acier et de béton / Tu dois te battre pour survivre / C’est une course de rat » devient « Où tout le mal s’accroche / À nos cœurs du matin au soir / Et déchire aussi notre vie / Il faut se battre pour aimer / Dans cett’ ville. » Où l’on voit que la course du rat peut accoucher d’une souris.

René Troin

* Frédéric Quinonero, Johnny, la vie en rock, éd. L’Archipel, 2014.
** Sources : Objectif Cinéma et Le Nouveau Forum Doublage Francophone.
*** « Out here in the jungle / You’ve got to fight from nine to five / In this steel and concrete jungle / You’ve gotta fight to stay alive / It’s a rat race. »

Michel Cogoni, Sombre ville (paroles et musique originales : Jerry Leiber, Mike Stoller et Van McCoy – paroles françaises : Ralph Bernet), 1963.

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