Depuis quelques mois maintenant, chaque jour apporte sa petite liste de festivals qui disparaissent (momentanément ?) du paysage culturel français. Au moment où ces lignes sont écrites, et selon divers recensements, on en serait autour de 150 événements portés disparus. La principale raison avancée par les élus locaux ou les organisateurs de ces rassemblements serait évidemment à chercher dans cette fameuse « crise » qui nous est servie ad nauseam, dans les domaines économiques et sociaux notamment, pour justifier tous les mauvais coups. L’été approchant, on s’aperçoit donc que le domaine culturel n’est pas épargné par ce phénomène des économies en tout genre, même si l’argument de la baisse ou de la suppression des subventions peut parfois cacher une volonté vengeresse de la part de nouveaux élus, dans les basses querelles politiciennes les opposant à leurs prédécesseurs.
Il est permis de se demander ce que serait l’ampleur de cette débâcle festivalière si, comme l’a déclaré effrontément la bien pâle ministre de la Culture sans pourtant que son nez s’allonge, le gouvernement en place n’avait pas opté pour le tout-culturel.
Cette avalanche d’annulations de festivals ne sera évidemment pas sans conséquences fâcheuses pour un certain nombre d’artistes, pour qui la période estivale est généralement plus généreuse en « dates », mais aussi pour beaucoup d’intermittents du spectacle dont la situation n’a toujours pas trouvé de solutions réelles et durables.
Si les coups portés au monde artistique par une gauche libérale « décomplexée » ne sont guère surprenants, leur vigueur et leurs conséquences néfastes en sont toutefois d’une ampleur inédite. On pouvait imaginer que la médiocrité de la politique culturelle, dont l’annulation massive de festivals n’est qu’une des conséquences les plus visibles actuellement, amènerait le monde artistique à réagir à la hauteur des agressions dont il est victime. Et principalement, peut-être, dans ce secteur qui se plaint déjà depuis des lustres d’être nié, méprisé, hypermarginalisé, où l’on prend volontiers des pauses de maquisard et où l’on tient régulièrement des propos de résistants regroupés dans le dernier village gaulois où l’on diffuse de la chanson à texte. Or les regrets de voir annulés, l’un après l’autre, les festivals de l’été ne s’accompagnent jusque-là que de jérémiades peu à même d’émouvoir en haut lieu et qui tranchent avec les discours aux accents militants et les « messages » chantés que nombre d’artistes ne manquent pas de délivrer en scène, où il n’est pas rare de lever le poing, réellement ou symboliquement.
Sans doute la réaction des artistes aurait-elle été davantage à la mesure de cette lamentable politique culturelle si le gouvernement n’était point celui porté au pouvoir, entre autres, par une très large majorité de ce monde artistique. Mais abandonner un temps les belles postures pour faire front, vraiment, collectivement, contre les maîtres qu’on s’est choisis, ça peut se concevoir, non ?
Floréal Melgar
Eh oui mon bon Floréal.
Qu’on fasse le compte de festivals annulés de 2007 à 2012 du temps de l’inculturé Sarko (la crise éclate en 2007) avec la seule période 2012-2015…
Mais peut-on demander au roi nu se regardant dans un miroir de s’écrier « Ciel ! le roi est nu ! »
Non, on ne le peut, et les jocrisses et les faux-culs se gargariseront encore longtemps sur la dérive droitière du susdit.
Sarko trouvait La Princesse de Clèves dépassée (révolte outrée et scandale dans le Landernau culturel, exil de sommité artistique ne pouvant plus respirer dans une France bafouée par l’ignorance, etc.), Fleur Pellerin n’a jamais lu Modiano prix Nobel de littérature (elle a trop de dossiers à suivre, la pauvre chou) 2014… sourire gêné… pas plus !
Ça pue !
Hélas, vous avez bien raison tous les deux et ça me fait bien « râler » … il y a loin des « manifestations » faciles sur une scène et des réclamations faites haut et fort dans la presse, les médias, où l’on s’engage vraiment. Le courage n’est sûrement pas visible chez les artistes si bien présents à la radio et à la télé. Peut être se moquent-ils, eux, des festivals annulés… C’est bien dommage. Quant à nous, public habitué des festivals continuons à y aller et à applaudir ceux que nous aimons en espérant que la raison aura le dernier mot et que la chanson (la belle chanson) vivra.
Vous votiez, j’en suis fort aise, et allez ne plus chanter.
Eh bien, dansez maintenant !
Alors on danse, comme dit le maestro !