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Jules Nectar (photo : Céline Zed)

Jules Nectar (photo : Céline Zed)

Le 27 octobre dernier, au Forum Léo-Ferré, à Ivry-sur-Seine, au moment de proclamer les résultats de la sélection parisienne pour la finale du concours « Vive la reprise ! » qu’organise chaque année le Centre de la chanson, Roxane Joseph, sa directrice, rappelait cette parole d’André Gide, « Choisir c’est renoncer », pour souligner combien avait été particulièrement difficile le choix du jury, tant cette « demi-finale » avait été, de l’avis de tous, de très bonne facture. Cette qualité, bien réelle en effet, pouvait s’expliquer en grande partie par le professionnalisme de la plupart des candidats présents, des habitués de la scène et comptant déjà derrière eux plusieurs sorties d’album. Ce constat n’allait d’ailleurs pas sans poser quelques questions. Celle des critères de sélection, d’abord, le règlement du concours permettant à des artistes déjà rodés de côtoyer des jeunes gens sans grande expérience manifeste. Puis celle du choix des finalistes et enfin des lauréats par les membres des jurys. Car si le critère de la prestation bien ficelée l’emporte, il devient évident que le quasi-débutant habitué jusque-là à quelques publics de bistrot et intimidé par un passage dans de bonnes conditions sur une scène, devant un parterre attentif, n’a guère de chances de qualification face aux candidats venus là avec un certain métier dans leur bagage.
On pouvait ainsi regretter que le jury parisien n’ait pas décidé de « couper la poire en deux » en désignant, au côté de From & Ziel ou de Lou Casa, les deux élus, qui tournent depuis plusieurs années déjà, quelqu’un de moins aguerri comme la toute jeune Inès Désorages, par exemple, qui, bien que très émue et ayant sûrement des progrès à accomplir, nous a offert, entre autres, une belle reprise de La Source, chantée naguère par Isabelle Aubret. Le talent qu’on décèle chez cette artiste en devenir méritait peut-être de se voir encourager par une finale à la Maison de la poésie, à Paris.
Lundi 3 novembre, cette finale, exclusivement masculine et opposant des candidats préalablement sélectionnés à Toulouse, Lyon, Le Mans et Paris, aura donc été, dans l’ensemble, une affaire de « vieux briscards », toutes proportions gardées bien sûr. Dans la présentation de chacun d’eux, Hervé Peyrard, chanteur du groupe Chtriky, ne manquait pas de rappeler, en effet, les huit ou dix années de scène de tel artiste, les quatre ou cinq albums déjà sortis de tel autre. L’exception venait sans doute d’Olivier L’Hôte, jeune chanteur venu du Sud, entouré de deux excellents musiciens mais que sa chanson de création, peut-être trop longue et trop bavarde, a probablement desservi aux yeux du jury.
On peut déplorer que la prestation de Lou Casa ait été inférieure à ce qu’elle avait été lors de la sélection parisienne, une semaine plus tôt. Ce qui prouve, s’il en était besoin, que sur un même programme une soirée ne ressemble jamais à une autre. Dommage, car dans l’obligation imposée à chaque candidat d’interpréter cette année une chanson de Michèle Bernard, la très belle émotion qu’avait suscitée au Forum Léo-Ferré son interprétation de Comme par hasard était hélas bien moindre lors de cette finale.
Le sympathique Toulousain Chouf, à la voix mal assurée, a sans doute pâti d’un choix de chansons peu mélodiques – hormis celle de Michèle Bernard – et d’un accompagnement musical un peu trop monocorde. Quant à Gérald Genty, le comique de la soirée, au look postadolescent et à l’humour qui va de pair, les conversations d’après-spectacle faisaient naître à son sujet des points de vue très tranchés. Si son côté totalement « déjanté », comme disent les spécialistes, a semble-t-il séduit nombre de spectateurs comme certains membres du jury, les programmateurs en particulier, d’autres semblaient avoir passé avec lui un mauvais moment et se prenaient à regretter que le Centre de la chanson ait demandé aux candidats, cette année, d’interpréter quatre chansons au lieu des trois habituelles.
Comme tous les concours, celui-ci aura certainement produit son lot de satisfaits et de déçus, tant il est vrai que tous les goûts sont dans la nature. Le jury, placé sous la présidence de Philippe Meyer, a finalement attribué ses principaux prix à deux candidats. From & Ziel, d’abord, un duo chanteur-pianiste qui partait sans grande surprise, avant délibération, avec de grandes chances de succès, car seul à proposer un répertoire et un propos « engagés » propres à satisfaire ce public et ce jury-là. Si les récompenses qui le distinguent sont loin d’être imméritées, on peut toutefois penser que ce duo gagnerait en qualité si, au côté de Ziel, pianiste talentueux, le chanteur From ajoutait un gros zeste de simplicité à ses prestations, qu’il pourrait d’ailleurs aller puiser en observant le second vainqueur de la soirée, Jules Nectar, qui laisse le souvenir agréable et reposant d’une interprétation dépourvue de toute épate, un son de guitare des plus mélodieux et une chanson personnelle toute simple et belle, J’aime, qui lui a d’ailleurs valu, entre autres et fort justement, le prix de la meilleure chanson de création.
Enfin, comme il n’est pas de bon spectacle sans technique à la hauteur, saluons l’excellent travail du sonorisateur. En revanche, si quelqu’un pouvait glisser à l’oreille de l’éclairagiste qu’une finale de « Vive la reprise ! » n’a pas forcément vocation à être confondue avec un épisode d’une série policière danoise particulièrement sombre, et qu’il est plaisant pour le public d’apercevoir le visage des chanteurs ne serait-ce que quelques secondes, ce serait un service à lui rendre.

Floréal Melgar

Les résultats complets du palmarès :

 

2 commentaires »

  1. Norbert Gabriel dit :

    Salut,
    J’ai comme qui dirait l’impression d’avoir dicté cette analyse à Floréal (qui n’en a pas besoin) tant je partage la totalité de ce qui est écrit… Comme quoi, on peut avoir des divergences sur certains points, mais de grosses convergences sur le spectacle. Il me semble que le Centre de la chanson ne pourra pas faire l’économie de la réponse à quelques questions insistantes sur l’organisation, le déroulement et l’esprit de ce tremplin.

  2. Tcherniak dit :

    Le Forum Léo-Ferré a choisi de donner un coup de pouce à des talents prometteurs.
    Nous avions déjà programmé Inès Desorages mais nous recommencerons !
    Un demi-finaliste avait attiré notre attention lors de la demi-finale : le Danny Buckton Trio. Il sera au Forum en 2015.
    Quant aux finalistes 2015, nous ouvrirons notre scène à Jules Nectar et Olivier L’Hôte.
    Bravo à From & Ziel pour leur succès. Nous les avions déjà programmés en 2014. Nous laisserons passer quelques mois pour les inviter à nouveau.
    Concernant l’ami Floréal, nous attendons la sortie de son prochain EP.

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